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Полное собрание сочинений. Том 12. Произведения 1852-1857 годов

выполнить две поставленные перед собой задачи. Я показал высокомерному невежеству наших соседей, что в русском народе есть зародыши будущего. И если я тут даже и ошибался, то по крайней мере я привлек внимание к этому вопросу. Затем я и сам соорудил батарею против царя — мной организована русская типография, которая непрерывно (и притом бесплатно) печатает и которая портит русскому правительству кровь куда более, чем все донесения его дипломатов.

В заключение я должен сказать вам, что половина цитат, приведенных в статье и частично взятых не из книги, либо совершенно фальсифицирована, либо подана с полным искажением их смысла. Там, где я говорю о славянской федерации, поставлена Россия, а под Россией подразумевается нынешняя Россия. И все это сделано для того, чтобы оправдать прусскую полицию.

LE DUALISME, C’EST LA MONARCHIE

FRAGMENT

La monarchie et l’église ont une base commune. Cette base, c’est le dualisme, un antagonisme consolidé, arrêté, éternel. C’est l’esprit vivifiant et la matière brute; c’est le prêtre bénissant et le laïque recevant la bénédiction; c’est le juge condamnant et l’accusé subissant son sort…

Le gouvernement ne doit jamais coïncider avec le peuple ou s’en est fait de lui. Le gouvernement, c’est la providence, c’est le bon pasteur — le peuple, c’est la masse inerte, c’est le troupeau docile. La monarchie est, à vrai dire, une théocratie. La notion la plus monarchique, c’est la notion de Jéhovah; sans Jéhovah, il peut encore exister des despotes, mais non des monarques, non des rois. Le roi des cieux suppose le roi terrestre et le soutient. Pourquoi, en effet, les hommes n’obéiraient-ils pas à un seul, lorsque toute la nature, tout l’univers, obéissent servilement à un seul.

De là, il résulte clairement que le premier besoin d’une organisation sociale libre — c’est d’effacer complètement toute démarcation entre prêtre et laïque, entre peuple et gouvernement. La monarchie aima toujours à se comparer à l’ordre céleste — la république, plus humble, et tout-à-fait terrestre, doit ressembler à la nature. La nature, c’est l’harmonie et l’anarchie, c’est l’individualisme de chaque être et l’ensemble le plus grand, le plus complet de tous. Le principe de la nature est tout le contraire du dualisme — c’est l’immanence.

L’immanence réunit ce que le dualisme sépare; elle n’est ni esprit, ni matière; ni cause séparée de l’effet, ni substance détachée

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des phénomènes; l’immanence, c’est la vie se spiritualisant d’un côté, se cristallisant d’un autre. Les lois de la nature ne sont que les conditions mêmes de l’être. Nulle part on ne voit, dans la nature, un doigt impertinent qui montre le chemin, qui ordonne, qui sauve, qui protège…

La monarchie représente la providence, et comme telle, elle est toute symbolique. La République, comme la nature, n’est pas une allégorie, c’est la chose même; elle ne représente rien, elle est l’organisme naturel de la vie sociale, son état adulte. L’autonomie de l’homme n’est pas transmissible du moment qu’elle est reconnue; une République représentative — quelque chose dans le genre d’une église athée — ne pourrait servir que de transition de l’état de l’esclavage monarchique à l’Etat de liberté sociale.

Les essais des républiques politiques ont clairement montré que, de la République, elles n’avaient que le nom; elles étaient le mot, le desideratum. Elles représentaient la souveraineté du peuple; elles ne l’étaient donc pas.

La monarchie doit être basée sur une autorité sacrée, sur une consécration divine, tout au moins sur une conquête. De cette autorité, de celte consécration, doit descendre toute la hiérarchie gouvernementale communiquant à chaque échelon, à chaque zone, un pouvoir relativement souverain, c’est-à-dire divin. Je vois l’huile sacrée, qui marque le front du monarque, sur le front de chaque gendarme et de chaque commissaire de police. La mise en scène est très importante pour la monarchie. La pourpre royale est indispensable au roi, comme l’habit sacerdotal au prêtre. Deshabillez le Pape, mettez-lui un paletot et s’en sera fait de la Papauté.

Le pouvoir monarchique doit être partout évident et rappeler, à chaque instant, à la mémoire du sujet, qu’il le protège, qu’il lui fait grâce. L’action centrale de la République doit rester invisible. La République n’a besoin que de la nécessité évidente du lien social et des conditions naturelles de l’association humaine, conditions tellement essentielles, générales, compréhensibles, que, sans elles, toute société serait impossible. Ces conditions sont obligatoires, non parce qu’on est en république, mais parce que l’on est en société, et parce qu’un homme ne peut les refuter sans se dédire de sa raison. Une République qui exigérait plus, cesserait

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d’être une vraie République; car, exiger plus, c’est avoir une initiative gouvernementale, un but, c’est reconnaître au gouvernement le droit de nous corriger, de nous éduquer, toutes choses profondément monarchiques. Les hommes libres vont d’eux-mêmes; il ne leur faut ni garde-fou, ni coups d’éperons.

Dans les monarchies, tout se fait par les gouvernements, l’éclairage et le drainage, le prix des denrées, l’encouragement des vertus, la protection des arts. Faire accroire aux hommes qu’ils sont imbéciles au point de ne pas être capables de s’occuper de leurs propres affaires, c’est le secret de tout gouvernementalisme. Au contraire, la gestion des affaires publiques, lorsqu’elle ne sortira pas de son rôle passif, sera très simple. Les trois quarts de la besogne qui pèse sur les gouvernements, se fera de soi, sans que l’administration centrale en ait connaissance.

Comme la monarchie s’appuie sur la défiance et le mépris de l’homme, la République n’a pour tout dogme et pour toute croyance que la confiance dans la nature humaine. Elle considère l’homme, de même qu’Aristote, comme un zoon politicon. Cette confiance dans l’homme fait peur. Le moraliste, le prêtre, le juge nous ont fait accroire que l’homme est, par nature, scélérat. Si nous dormons tranquillement, c’est que nous savons qu’il y a un gouvernement fort, qui veille sur nous, le fusil en main, et qui a le droit do s’imposer à tout homme… raison très suffi-saule, au contraire, pour ne pas dormir du tout.

Comment! la nature qui a été si logique dans toutes ses productions, qui a si bien adapté tous les animaux au milieu, à la manière d’être de leur existence, — aurait fait de l’homme une absurdité, lui donnant l’instinct de vivre en troupeaux, et lui refusant les qualités nécessaires pour la vie en commun? Quand il se trouverait sur des millions d’hommes normaux un monstre physique ou un monstre moral, cela ne serait pas une raison pour mettre tout le monde sous la surveillance de la police. Lorsqu’on examine les statistiques judiciaires, et qu’on en défalque tous les crimes fantastiques inventés par les législateurs et tous ceux qui sont provoqués par le désordre social, on

reste ébahi de la grande moralité des peuples et de l’impudence de leurs pieux calomniateurs, qui nous font peur du diable pour lever la dîme, et de l’homme pour percevoir l’impôt.

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On fait l’homme plus mauvais qu’il ne l’est, pour le livrer plus sûrement à l’état.

L’éternelle subordination de l’individu à la société n’est que la continuation des sacrifices humains sous une autre forme. C’est toujours l’agneau qui tombe pour apaiser la colère divine. La religion et la législation ont pour principe l’humiliation de l’individu. Elles demandent toutes deux l’abdication de l’autonomie personnelle en faveur d’une autonomie impersonnelle, abstraite, incompréhensible, en faveur d’un nom collectif, d’un mythe — Dieu — l’Eglise — l’Etat — le Salut Public —l’Assemblée législative — le suffrage universel.

C’est tout-à-fait chrétien et complètement monarchique.

Le christianisme, religion des contradictions par excellence, de la «synthèse des opposés», développa la théorie de l’absorption de l’individu par l’absolu, et en créa le système entier (et très conséquent) du suicide moral.

Un des traits distinctifs du christianisme, c’est d’être partout contre-nature, et de confondre, avec préméditation, chaque notion avec la notion diamétralement opposée.

C’est l’égalité, mais devant Dieu.

C’est l’immortalité, mais après la mort.

C’est le monothéisme, mais trinitaire.

La valeur, la dignité de l’homme sont reconnues, mais pour en faire un holocauste encore plus solennel à Dieu. L’église de-mande, pour prix de la rédemption, le sacrifice le plus complet de sa liberté. Jouant toujours sur l’antithèse, elle prêche la soumission libre, la pauvreté volontaire, la volupté38[38] des privations les délices de l’abnégation. Ayant perverti de cette manière toutes les notions simples, elle est parvenue naturellement à nous faire bénir la main qui nous frappe (tout en brûlant celle qui la frappait).

Le monde, en redevenant officiellement mondain, car il n’avait jamais cessé de l’être tacitement, quitta le jargon du Moyen-Age, en réservant les principes. Les philosophes traduisirent les préceptes de l’église en termes laïques. Au lieu de la charité, on mit la philanthropie; au lieu de l’amour du prochain, l’amour de l’humanité; au lieu de «c’est écrit», on s’écria «c’est voté». Cette moralité exige de l’homme autant de résignation, autant de sacrifice que la religion, sans lui offrir un rêve de paradis pour compensation. En cela, elle est plus pure que l’ancienne, mais aussi plus absurde.

L’église, en disant que notre vie terrestre n’était au fond qu’une plaisanterie, qu’une épreuve, que la véritable naissance, c’est la mort, avait droit de nous rendre la vie dure. Mais la moralité politique et rationaliste ne nous a jamais dit pourquoi chacun devait se sacrifier et qui profiterait du sacrifice imposé à tous!

Le dualisme moderne n’est rien que le christianisme élevé à la sphère logique, le christianisme affranchi de la révélation, de la tradition, du mythe, de la poésie; c’est la métaphysique du dogme catholique. La religion avait des mystères; cela intéressait les esprits. Le dualisme laïque leva le voile et laissa un vide immense, sans offrir ni consolation, ni rémunération.

Au fond de toute cette logomachie du dualisme, c’est toujours l’antagonisme entre le créateur qui est bon, et la créature qui ne vaut rien. Ce n’est qu’une traduction, en langue abstraite, du mystère de la Rédemption. Le point principal consiste, comme nous l’avons déjà vu, dans une

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