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Полное собрание сочинений. Том 12. Произведения 1852-1857 годов

manière que le devoir se fait syllogisme, presque désir.

La bourgeoisie était éminemment stérile sous ce rapport. Elle mêla sa petite morale de ménage, de comptoir avec les vertus antiques rhétoriquemeut expliquées, avec les préceptes du christianisme, restauré par Luther et corrigé par l’Economie politique, Brutus et S. Paul, l’Évangile et Bentham, livre de cuisine et l’Emile de J.-J. Rousseau.

Il était de toute impossibilité de prendre ce mélange pour base d’un contrat social nouveau — on se borna à rester dans un état transitoire. Mais les parvis d’une baraque provisoire n’avaient pas la force de tenir dans les limites raisonnables les contradictions, et toutes les absurdités les plus opposées levèrent leur tête et restèrent à côté des vérités. La liberté individuelle et la loi du dimanche peuvent servir de base.

La morale traditionnelle du vieux monde avait plus d’unite, plus de démence logique. La nouvelle morale ne parvenant pas àse formuler, estropia tout, confondit tout — et prépara par là une issue.

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Avec la Réforme, avec la Révolution tout change jusqu’à un certain point et s’arrête là. La courtoisie aristocratique est remplacée par une lourde pruderie, l’insolence des grands seigneurs — par la susceptibilité des parvenus, l’honneur chevaleresque — par l’honnêteté d’un teneur de livres. On fit des Palais — des hôtels ouverts pour tous — pour tous ceux, bien entendu, qui pouvaient payer. On fit des Parcs qui ne servaient que pour la promenade — des jardins potagers que tout le monde pouvait acheter, ayant de l’argent. La vie devint plus commode pour plusieurs, plus vulgaire pour tous et resta la même pour la grande majorité — pour les pauvres.

La grande question révolutionnaire devint aussi une question bourgeoise, l’éternelle lutte historique de l’avenir et du passé, de la liberté et de l’autorité, du conservatisme et du changement, trouva ses deux termes dans la classe dominante. Comme la lutte religieuse entre le catholicisme féodal des Papes et le catholicisme bourgeois des réformés ne sortait pas de l’enceinte de l’église chrétienne. D’un côté le propriétaire qui ne voulait rien lâcher de ce qu’il a accaparé per fas et nefas, de l’autre les démocrates qui veulent tout prendre au propriétaire, sans attaquer le droit de la propriété. D’un côté — l’Avarice, de l’autre — l’Envie.

Le côté de l’avarice est compact et a une grande unité, c’est une caste composée de commerçants, de fabricants, de maîtres, de producteurs, d’industriels, qui travaillent sérieusement pour s’enrichir, qui s’enrichissent sans savoir pourquoi. Les banquiers et les capitalistes forment leur aristocratie. C’est la bourgeoisie proprie sic dictum, elle gouverne — mais ne règne pas.

C’est l’autre parti, qui représente le mouvement et les deux courants, c’est le parti qui parle, qui écrit, qui enseigne et arrête la pensée, qui proclame les gouvernements et les mine — c’est la capacité, la force intellectuelle du siècle. Toute l’aristocratie de la civilisation y est — les littérateurs, les savants, les artistes, les hommes politiques, les journalistes, les avocats… et tous les hors d’œuvre d’un monde vieux, qui doivent disparaître ou se refondre à entrée du nouveau, comme ont disparu les piqueurs, les échansons, les fous de palais.

Ici pas d’unité compacte, au contraire deux camps — composés des mêmes individus; presque tous commencent par l’envie et finissent par l’avarice. Le sort de l’Europe est dans les mains de cette classe depuis Napoléon. D’un côté la jeunesse, les aspirants, les candidats, les talents non reconnus, les avocats sans procès… do l’autre — les hommes qui ont une position sociale, les talents reconnus, les députés élus, les avocats qui ont des procès et enfin tous les fainéants satisfaits. Parmi les révolutionnaires conservateurs et les conservateurs révolutionnaires on trouve une

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dizaine d’apôtres, quelques enthousiastes sincères et le reste… et le reste — je tâcherai de vous le faire connaître.

Avez-vous lu ou non le roman d’Horace? G. Sand a tracé de main de maître le type de l’homme contemporain. C’est bien dommage que le grand artiste par un ménagement bienveillant — laisse à son héros une issue, un peu banale en vérité, mais conciliante, il devient avocat, et probablement très distingué, il pourrait pousser plus loin.

C’est une décoration vivante, tableau d’un côté — toile grossière et sale de l’autre, c’est un acteur éternel. Horace réel a un Horace idéal — et il le représente, il connaît toutes les passions — mais par l’esprit, dans le bonheur comme dans le malheur il ne cherche que le côté scénique, son épicurisme est de la seconde puissance — il aime à déguster, à savourer l’effet qu’il produit, il s’enivre des sympathies qu’il provoque, il cherche l’approbation — c’est son sérieux. Dans le cœur de cet homme vous ne prévoyez aucune limite qui l’arrêterait, vous savez de ces limites instinctives, qui s’annoncent avant que l’homme ait le temps de réfléchir; pour lui il n’y a qu’un frein — l’opinion publique. Laissez-le seul — il ne se lavera jamais. Avare de chaque petite jouissance pour lui- même — il ne se donne jamais (au reste, il n’a rien à donner); il fouille toujours occupé exclusivement de soi-même, avec naïveté les sentiments les plus intimes de ses proches, sans s’en apercevoir. Il a la concupiscence de tout — et ni force, ni persistance pour atteindre. La grande chose c’est qu’il impossible de sacrifier quelque chose. Pour se ménager d’un ridicule, il perdra une jeu ne fille, il trahira un ami. Par ce ridicule on peut le pousser jusqu’au départ pour l’Amérique ou un duel à 4 pas. Il est d’après ses opinions révolutionnaire, parle contre la bourgeoisie même… mais au fond il n’aspire qu’à l’aristocratie; aussi il perd chaque fois la tête lorsqu’on le laisse dans un salon frotté. Donnez-lui 25 m francs de rente et il ne vous recevra pas.

Horace est fautif de tous les malheurs qui tombèrent sur l’Europe depuis 1848. Il a commencé par se tromper qu’il était révolutionnaire, ensuite il trompa les masses en passant pour démocrate, il voulait le pouvoir — mais ne savait pas le retenir par ses mains débiles, il l’abandonna de suite après avoir tout embrouillé, en se vantant de n’avoir pas versé une goutte de sang sur l’échafaud — c’est à dire d’avoir manqué de foi et d’énergie — comme il les manquait en amour et en amitié — il est tojours d’un degré inférieur — lorsqu’il faut agir et d’un degré plus haut que les événements — lorsqu’il faut pérorer.

Voilà pourquoi Horace traîne dans le malheur tous les êtres vrais qui entrent en collision avec lui. Car ils sont constamment ses dupes. C’est un joueur qui n’a que de la fausse monnaie — peutêtre

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sans le savoir, — contre l’or pur par lequel vous lui payez. C’est un être artificiel, produit sur un sol d’alluvion aussi artificiel formé par la vie urbaine et bourgeoise. Horace est impossible comme ouvrier ou comme aristocrate. Prenez à côté de lui un étre dépravé d’une autre époque — Faublas par ex. Entre les deux il n’y a que 50 ans de différence — mais un monde entier les sépare.

A travers la grande corruption de Faublas perce un cœur noble, il y a plus d’étourderie, de légèreté en lui que de vices, et il jouit si naïvement de ses petites conquêtes et se répand si naïvement, qu’on voit clairement que si c’est trop tard de l’arrêter … qu’on peut le laisser faire — viendra un temps où il se fatiguera et deviendra un homme, peut-être chemin faisant il perdra sa santé et sa fortune — mais du cœur il lui en restera. C’est pour cela qu’il vous vient quelquefois dans la tête de le menacer du doigt en souriant, tandis que vous voudriez écraser comme un crapaud ce Horace qui en comparaison avec Faublas est un moine, un homme sérieux, aux grandes idées, aux aspirations excentriques.

Le monde de Faublas attendait un coup de tonnerre — pour purifier cette atmosphère do volupté, de poudre et d’essence de boudoirs.

Le monde d’Horace a besoin d’un tremblement de terre.

Puisque nous sommes au roman, j’ajouterai encore un mot. Ce roman, sans contredit est beaucoup, plus indécent que les romans de Paul de Kock… Comment cela se fait qu’en lisant ces derniers vous sentez que la boue est plus profonde et plus sale?

C’est la différence du petit sujet un peu leste que traitaient les artistes du temps de Mignard, de Greuze, qu’on reproduisait en porcelaines de Sèvres… et de ces autres qu’on vend dans des passages écartés du Palais-Royal.

La cause générale est la même — et le niveau s’est baissé, parce que les goûts bourgeois ont pris le dessus. Entre Horace et Faublas, entre Louvet et Paul de Kock — passa la bourgeoisie — et forma deux générations.

Le niveau s’est baissé.

Le niveau est toujours en baisse — et c’est là que commence l’espérance.

Le Figaro de Beaumarchais et la Lisette de Béranger sont déjà des êtres idéaux comme Sainte Geneviève ou Bayard. Figaro, le barbier un peu filou, a été remplacé par Robert Macaire — qui vole, assassine, viole, fait des faux. Au lieu de Lisette vous avez Margot qui n’aime rien, ni «la fauvette, ni le chant de Roméo», mais qui dit qu’elle aime l’or… non seulement que cela n’est plus Lisette — et plus encore, ni une hétaire de Lucien, ni une courtisane de Florence, ni une femme galante du XVIII…

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C’est une femme avec un №, patentée par la police — et garantie par la préfecture.

La femme de trente ans et de 1830, les femmes charmantes Balzac — ont vieilli après 1850. Al Dumas Il ouvrit son S. Lazare littéraire — et voilà que les dames aux camélias et sans camélias les remplacèrent, — Madelaines — moins le repentir et la passion.

La littérature

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