des hommes publics n’était pas meilleure. Il fut un temps où il ne suffisait pas d’avoir été simple espion pour s’en vanter, il fallait avoir été ou ministre comme Foucher on préfet comme Vidocq et Gisquet.
Le niveau a baissé — et voilà les livres de De la Hodde, de Chénu, de Schnepf — qui forment une guirlande autour de l’autobiographie d’Arthur Gorgey.
A côté de ces existences héroïques la vie de Barnum pourrait cl re la biographie d’un S. Pierre ou S.Paul.
Ces faits qui nous servent de plomb pour mesurer la profondeur de l’abaissement moral, ne sont pas dangereux. Horace n’est pas un espion; écouter derrière une porte est l’occupation la moins dramatique, un mouchard ne produit aucun effet favorable, au contraire Horace est mécontent des entraves qu’on met à la presse et des espions; ils l’empêchent de se produire dans les cafés et d’étonner son monde par un geste généreux et une sentence hardie.
La crapule proprement dite est d’autant moins dangereuse pour nous — que nous y sommes nés. N’oubliez pas que la dame aux Perles est une Russe. Nos collisions et rencontres nous ne les faisons pas avec les galériens et les employés de la Préfecture, nous les faisons avec la phalange macédonienne de la Bourgeoisie — c’est là qu’Horace domine.
Nous nous en approchons avec une simplicité tellement Scythe qu’on la prend pour de l’hypocrisie; on cherche une duplicité lorsqu’il n’y a qu’adulation. Mais peu-à-peu nous distingons avec horreur un fond de dissolution tel, que nous n’en avons jamais rêvé, au milieu de nos neiges.
Nous ne sommes en général pas moins corrompus qu’eux — mais ils sont beaucoup plus dissolus. Nous sommes plus coupables devant la police correctionnelle — eux plus coupables devant l’«Esprit Saint».
Rappelez-vous toute la ménagerie des héros de Gogol… Ce sont des joueurs, des ivrognes, des menteurs, des voraces, sui sont
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Il y a un milieu entier à Pétersbourg qui en fourmille, c’est cette bureaucratie d’origine métisse, produit d’un croisement impur d’aventuriers de toutes les nationalités, de générations entières qui s’abattirent sur la Russie du temps de Pierre I et de ses successeurs — êtres sans patrie, serviles et rongés par l’envie, l’amour propre et le scorbut. Mais le petit «San-Marino» de dépravation n’est pas du tout national.
Au contraire, la corruption générale chez nous a un caractère de violence, de vantardise, de prostitution éhontée, tumultueuse — et presque toujours accompagnée d’une grande ignorance.
Ce n’est pas le cas en Occident.
Non seulement on comprend tout ce qui agite l’âme de l’homme contemporain, mais on se fait ici l’organe du développement et de la propagation de toutes les grandes idées, sans que cela influe de quelque manière sur la conduite.
Et c’est nommément là que commence notre confusion. Leur langue est la nôtre, cela nous induit tout d’abord en erreur; chez nous c’est la langue d’une minorité persécutée, d’une franc-maçonnerie tacite, par elle nous nous reconnaissions. Cette langue oblige chez nous, et comme son usage n’est pas sans danger, — on ne la parle pas gratuitement.
Jusqu’à ce que vous preniez les hommes pour des livres ouverts, jusqu’à ce que vous restiez avec eux dans le rapport, dans lequel vous êtes avec un acteur pendant qu’il représente — tout ira bien, mais n’allez pas derrière les coulisses. Certainement il n’y aucun besoin d’y aller. L’histoire sait extraire des essences aromatiques d’herbes qui sentent mal, vous n’avez pas besoin de regarder dans sa casserole, ni remuer ce foin infecte — on le jettera dehors, l’esprit aromatique seul restera.
Mais d’un autre côté cela ne suffit pas au cœur humain; nous cherchons une autre communauté avec les hommes, le lien purement théorique ne nous suffit pas comme les rapports exclusivement d’affaires. La solidarité, la sociabilité, l’attraction mutuelle, la bienveillance innée demandent plus — et leurs exigences, quoiqu’on en dise, ne sont pas moins fortes que les exigences de l’égoïsme.
Il y a quelque chose de tellement repoussant dans ce dualisme moral que, mille fois trompés, nous nous efforçonsdene plus y croire, de ne pas admettre que la conviction et la conduite ne coïncident pas — de là une source amère des collisions les plus horribles.
Une partie de cet étrange état moral dans le monde contemporain s’explique par la stérilité de la doctrine révolutionnaire, de laquelle nous avons parlé. C’était l’émancipation et non la leberté, le libéralisme apprenait avec le mépris de l’autorité,le moyen de se défaire de chaque collier, de chaque chaîne, laissant aux hommes s’arranger après comme ils le savent… Mais
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les hommes ne savaient pas comment, car ils étaient des affranchis, et non des hommes libres.
Analysez la philosophie du libéralisme… c’est un règlement de guerre, c’est la doctrine de l’attaque et la résistance, le pouvoir n’est pas la volonté active du peuple vers un ennemi. Après la victoire on n’avait rien à faire avec cette science militaire. Pendant la lutte, toute théorie qui l’aide est bonne; c’est le tambour battant pour ranimer et rallier, c’est la parole énergique qui enrôle les combattants; la conduite en temps de guerre est simple et temporaire, en partie elle se règle d’après l’ennemi, le reste consiste dans une organisation unitaire et artificielle. Le reste — le reste on le couvre d’un voile comme la Statue de la liberté à la Convention.
Lorsque le temps vint d’ouvrir la statue — on vit qu’elle n’était pas de marbre mais d’argile. Lorsqu’il fallait incarner dans une série de lois la splendide rhétorique de l’amour de l’humanité, de la fraternité du peuple, de la république, de la démocratie, de la souveraineté du peuple et de l’égalité absolue, — alors on parvint avec peine de voter la consti
Un seul principe a été proclamé — le suffrage universel. Voilà la source vivifiante et arithmétique du nouveau pacte social. L’application du suffrage universel aux questions les plus profondes, les plus fondamentales de la République — équivalait à une abdication, à un aveu qu’on marche à tâtons. Qui connaît une vérité, l’aime, l’estime et a foi en elle, ira-t-il dans la rue demander l’opinion du premier passant, voudra-t-il déterminer par l’addition et la soustraction le plus ou le moins de valeur de sa vérité?
Les masses qui ne comprenaient rien dans ce pot-pourri politique qu’on représentait à l’Hôtel de ville et dans l’Assemblée, comprirent par instinct le suffrage universel. La fente qui séparait de plus en plus le public des acteurs, s’élargissait, et lorsque pour la couvrir il ne suffisait plus ni du tapon oriental de l’éloquence de Lamartine, ni des cadavres des frères égorgés aux journées de Juin — alors du fond de la fente sortit Louis Bonaparte en se frottant ses yeux endormis. C’était tellement absurde — qu’il devait devenir l’homme de la position.
<1854-1855>
ПИСЬМО ПЕРВОЕ
Ваше письмо не удивило меня — этого ожидал я от вас — ибо сам прошел через те же испытания. Вам как-то не по себе на Западе — ни люди, ни предметы не оправдывают здесь
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ваших ожиданий. Это вполне естественно, но такое состояние не должно продолжаться слишком долго. Отдав должное страсти, отдадим также логике и анализу то, что принадлежит им.
И, прежде всего, разве Запад ответственен за то, что не сходится с нашими о нем представлениями? — Не более, чем мы ответственными^] за эти свои представления, — все это непроизвольно и вызывается общими причинами.
Мы изучали Европу по книгам, но пока мы ее читали, она преображалась, по крайней мере в своем верхнем слое, и, к несчастью, мы видим, мы знаем только этот верхний слой, а что происходит в недрах, в глубинах народной жизни — нам неизвестно, да и сам народ не знает этого.
Массы не были вовлечены по-настоящему в движение, они колыхались, как колышется нива от ветра, склоняясь то в одну, то в другую сторону, но не оставляя своей почвы.
В наше представление о западном человеке входят элементы совершенно верные — но или уже не существующие более, или совершенно изменившиеся.
Рыцарская гордость, аристократическое изящество, строгая чинность протестанта, мрачная энергия революционеров, роскошная жизнь художников в Италии, отданная размышлениям и идеализму жизнь поэта — все это переплавилось и почти исчезло в совокупности других нравов… нравов буржуазных.
Они господствуют над миром до такой степени, что и старческий класс аристократии и класс вечных рудокопов, рабочих, который входит в свои права, торопятся усвоить эти нравы. Дворяне и пролетарии хотят быть буржуа по образу жизни.
С точки зрения общей экономики переход феодального общества в общество буржуазное является неоспоримым прогрессом. Борьба и развитие перенесены на реальную почву, на землю; мир фантазеров и мечтателей начинает просыпаться; часть человечества отрезвляется, все упрощается; аристократизм дворян был в их воображении и в крови; аристократизм буржуазии — в денежном сундуке.
Слова «средний класс» выражают с большой пластичностью промежуточное значение буржуазии — не только то, что она занимает место между аристократией и народом, но и то, что она — между прошедшим и будущим. Не подумайте только, будто я хочу этим сказать, что она является по преимуществу настоящим; совсем напротив, она колеблется между будущим, которого она жаждет, но боится, и прошедшим, которое она ненавидит, но не в силах покинуть. Шаг вперед — и она встречает вместо Лютера — Мюнцера, вместо либерализма — социализм. Шаг назад — и она натыкается на феодальную монархию, которую недолюбливает, и на дворянскую аристократию, которую ненавидит.
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В подобных случаях нет действенного разрешения вопроса, есть золотая середина, нейтрализация противоположностей, уравновешивание сил, т. е. их уничтожение. Действенное призвание буржуазии состояло почти исключительно в оппозиции — и в этом-то и заключалась ее сила и ее красота — что может