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Полное собрание сочинений. Том 13. Статьи из Колокола и другие произведения 1857-1858 годов

желание освободиться от нравственной опеки Европы, усвоить ее науку, не подражая ее истории. Вторая — взять за основание этого нового развития народную жизнь, разрушить стену, которая разделяет две России, и все это совершить путем экономической революции.

LE PREMIER PAS VERS L’EMANCIPATION DES PAYSANS SERFS EN RUSSIE

Это завещание Пестеля, которое молодая Россия теперь выполняет!

Par une ordonnance en date du 2 décembre de cette année Alexandre II vient d’autoriser les membres de la noblesse des gouvernements de Vilna, Kowno et Grodno à élire des comités pour mettre à exécution le projet d’émancipation de leurs paysans. En remerciant la noblesse de ces trois gouvernements de l’empressement avec lequel elle a suivi les intentions par lui indiquées, l’empereur ordonne au ministre de l’Intérieur de communiquer sa lettre et les règlements qui l’accompagnent, à tous les préfets et maréchaux de la noblesse russe, — «afin que si les nobles de quelque autre province avaient les mêmes intentions, ils pussent s’y conformer».

Il y a près de dix ans que nous avons commencé diverses publications sur la Russie, et nous n’avons jamais cessé de répéter ces trois choses: 1°. Que le despotisme rétrograde, tel qu’il existait sous Nicolas, n’est ni aussi stable ni aussi puissant qu’on se l’imagine, qu’il a fait son temps et qu’il ne se soutenait en dernier lieu que par la force matérielle et la réaction européenne. 2°. Que la Russie entre dans une nouvelle phase historique, qui n’aura ni le caractère agressif de la période de Pierre I, ni le caractère contre-révolutionnaire qui a signalé le triste règne de Nicolas; que le grand problème dont la solution s’impose à la Russie c’est le développement des éléments nationaux par l’assimilation organique de la science sociale élaborée par l’Occident. 3°. Que le commencement officiel, inévitable, nécessaire de la nouvelle période — doit être l’affranchissement des paysans serfs, avec la concession de la terre qu’ils cultivent — non aux individus mais aux communes.

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En 1850, — lorsqu’on ne croyait pas à la durée de la réaction en Europe — on se moquait un peu de ces thèses. Du temps be la guerre que Bonaparte faisait avec l’Angleterre — pour la liberté et la civilisation — on nous jetail la boue. Peut-être maintenant — tandis que l’Angleterre continue l’affranchissement de l’Inde et que Napoléon «couronne tranquillement son œuvre par la liberté», tandis que l’Allemagne catholique jouit sans restriction du concordat et l’Allemagne protestante du droit au silence — on peut hasarder quelques mots.

Le lendemain même de la mort de Nicolas la débâcle a commencé. Le gouvernement s’est vu — nolens, volens — entraîné par le torrent. La littérature — la première à se réveiller — a vigoureusement commencé la grande instruction du procès de l’administration vénale et corrompue. Tout le monde s’est mis à parler de réformes. Le mécontentement, du reste, était général. L’incapacité gouvernementale de Nicolas, la stérilité de ses fatigues, l’inutilité de ses cruautés avaient été trop évidentes pendant la guerre de Crimée: l’opinion publique a prononcé un verdict unanime sur la tombe du sergent couronné.

Pourtant dans la variété des projets et des aspirations, deux idées se détachaient, dominant tout le mouvement, — l’idée de la Publicité, celle de l’Emancipation des paysans.

On parlait des bonnes velléités du nouveau tzar. Il y avait en effet une amélioration négative; on ne persécutait plus pour un article de journal, pour une parole hardie, — mais il n’y avait encore aucun fait positif, franc, sur lequel on pût s’appuyer et baser quelque chose de plus qu’une vague espérance.

Aujourd’hui ce pas est fait: c’est la circulaire du 2 décembre. Cette journée néfaste dans les annales européennes aura un autre sens dans les souvenirs du peuple russe.

Car, il ne faut pas s’y tromper, ce n’est ni de l’émancipation des paysans des trois provinces occidentales, ni du mode de cette émancipation spéciale qu’il s’agit, — c’est de l’émancipation générale. La circulaire du ministre n’est pas un conseil seulement ou une allusion à la volonté du maître; c’est bien plus: c’est un avertissement que le temps presse et que toute la responsabilité du délai et des malheurs qui pourraient suivre retombera sur la noblesse. L’empereur se prononce, évidemment pour l’émancipation;

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il remercie la noblesse des trois gouvernements d’avoir bien compris ses intentions; il ordonne au ministre de communiquer la «noble résolution» de ce corps aux autres. — Est-ce clair?

Or, a-t-on jamais pensé en Europe à ce que c’est que l’émancipation des paysans en Russie? — C’est la déclaration de majorité sociale de 22 millions d’individus qui étaient hors la loi; c’est le changement le plus complet de l’existence de — je répète le chiffre — 22000000 de personnes57[57].

Les hommes jusqu’à ce jour appartenaient à la terre qu’ils cultivent. Pour ne pas avoir de prolétariat des champs, on rattacha de plus en plus, depuis le commencement du XVIIIme siècle, les hommes à la terre; on en fait des usufruitiers-galériens et cela — par droit de naissance, c’est-à-dire involontairement, fatalement. Maintenant, — et c’est là ce qui est grave — en détachant l’homme de la terre, en lui rendant la locomotion, l’émancipation ne détache pas du tout la terre de l’homme: l’usufruitier-galérien ne devient pas prolétaire indépendant; il devient, s’il le veut, co-propriétaire, par l’intermédiaire de la commune. Le prolétariat est optatif pour le paysan. La commune ne perd point le droit à l’usufruit de la terre qu’elle cultivait; elle ne peut donc évidemment refuser à un sien membre son lot de terre. Jusqu’à présent le membre de la commune ne pouvait non plus refuser le travail et toutes les charges et servitudes qui pesaient sur la commune, en outre il n’avait pas le droit de la quitter — il l’aura maintenant; et même dans ce dernier cas l’usufruit de la terre restera à la commune, et ne retournera pas au seigneur.

Laisser la terre à la commune, en donnant à l’individu le droit de l’abandonner, à ses risques et périls, et en laissant à la commune le droit d’adoption — tel est le principe fondamental, le seul national sur lequel on puisse baser l’émancipation en Russie.

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Ce principe est reconnu, quoique d’une manière très embrouillée par l’ordonnance du 2 décembre. Après avoir fait une distinction scolastique, — en disant que la terre appartient au seigneur, et l’usufruit à la commune — l’ordonnance oblige le seigneur à céder aux paysans l’usufruit de la terre cultivée par la commune, moyennant une rente fixée avec le consentement du gouvernement. En outre, il est dit que l’usufruit de la maison, la cour, le jardin potager appartiennent à la famille considérée individuellement.

Nous voyons là une reconnaissance gauchement exprimée du principe. Au reste l’ordonnance du 2 décembre n’est pas du tout une norme, par cette raison toute simple qu’elle ne s’adresse qu’à trois provinces polonaises, où les conditions de la vie agricole ont subi de profonds changements. L’ordonnance — en disant «là où la commune existe» — nous montre que dans ces contrées il y a des propriétés seigneuriales où la commune est détruite.

En général les dispositions réglementaires ont été faites à la hâte et n’ont pas grande portée. La seule bonne chose c’est que le gouvernement a limité le temps des arrangements à 6 mois, après quoi il interviendra. La composition des comités eux-mêmes est très vicieuse.

Le paysan sera représenté par des employés de l’Etat, tandis que la noblesse sera représentée par ses députés élus. Mais a-t-on oublié que tous les employés sont nobles ou anoblis?

Nous répétons donc que pour le moment la grande affaire n’est pas dans les détails qui peuvent et doivent varier; elle n’est pas dans le bégayement timide et peu franc du gouvernement; elle est dans l’aveu, dans l’initiative; — elle est dans la parole prononcée.

Oui, c’est le commencement du remords, le commencement de la réhabilitation de la Russie opprimée; c’est l’aube d’une journée où un grand lit de justice sera tenu; c’est l’entrée de la Russie dans sa nouvelle phase, phase que nous avons prédite depuis notre jeunesse.

L’homme des champs, trahi, vendu, trompé, lutta un siècle entier — le XVIIme — versa sa sueur, versa son sang, et tomba enfin, meurtri et garrotté, au pouvoir d’une soldatesque féroce, d’une bureaucratie ignoble, qui travaillaient — avec l’empereur —

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pour le compte de la noblesse. Cette lutte tragique est passée inaperçue, non comprise par l’Occident, calomniée à l’intérieur. On a jusqu’à présent représenté un Sténko Rasine, un Pougatcheff, comme des brigands de grande route58[58].

Enfin il était anéanti — cet Abel des champs. Le régime impérial n’avait pour lui que des coups. Pour les autres, au milieu d’un despotisme effréné, insolent, brutal, il y avait une civilisation empruntée, le pouvoir, la gloire, des titres, des richesses. Pour le paysan, rien de tout cela: un travail ingrat, la misère, la honte, les verges. La seule participation à l’histoire qu’on lui concédât, c’était le sang qu’il était forcé de verser dans tous les carnages qu’inventaient la soif des conquêtes et l’ambition des gouvernants.

Chose étrange! les grands acteurs de ce drame historique, qui se déroulait à Pétersbourg, avaient quelquefois leur poésie, leur largeur d’idées, des vues non seulement politiques, mais humaines; tout cela dans le cercle restreint de la noblesse. Pour le

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paysan ces grands acteurs ne furent que des tyrans féroces, sans entrailles: tels furent non seulement Pierre I, mais Catherine II.

Une lueur pâle, incertaine, quelque chose comme un remords, se fit voir chez Alexandre I; mais il n’en fit rien; et le milicien, le paysan qui prit les armes en 1812, après la lutte héroïque avec l’étranger, retourna, avec ses cicatrices, à l’ignoble chaîne du servage.

On veut nous faire accroire maintenant que Nicolas avait l’intention d’émanciper les paysans. Allons donc! Nicolas et l’émancipation ne vont pas ensemble.

L’ordonnance du 2 décembre 1857 est, depuis le

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