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Полное собрание сочинений. Том 13. Статьи из Колокола и другие произведения 1857-1858 годов

général Rostovzoff (Jacob) qui, tout jeune encore, dénonça, par entraînement et enthousiasme, ses amis, comme le dit le secrétaire d’Etat, baron Korff, dans son ouvrage sur l’avènement de Nicolas I au trône (ouvrage que M. Fonton sera enchanté de vous prêter, M. le Président); un comte Panine, ministre de la Justice (vous comprenez, c’est une manière de dire, comme lorsqu’on ajoute le mot libre au nom d’une cité, parce qu’elle a quatre maîtres au lieu d’un, ou qu’on appelle Re di Cipro Ferdinand II, par la grâce de Dieu — très mal placée cette fois — roi absolu des Deux-Siciles); un ministre de la Justice donc, qui a commencé sa carrière en défendant une pauvre bonne femme, une princesse Troubetzkoï, qui n’était accusée… que d’avoir fouetté à mort sa femme de chambre. Autour de ce centre grouille un tas de subalternes qui descendent par les degrés du tchin jusqu’aux petits propriétaires d’âmes, jusqu’ àcette noblesse de verges, qui, avec la noblesse de l’encre, forme une couche dense,

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et bien soudée, d’opposition, de résistance à tout progrès, à toute amélioration.

Pas une bonne intention qui ne soit contrecarrée par eux, mutilée, frelatée, rendue impossible ou faussée par une réalisation tronquée.

Alexandre II voit, par exemple, l’urgence de l’émancipation des paysans. Le cabinet noir devient à l’instant même abolitionniste. Mais il veut l’émancipation la plus complète; il veut émanciper le paysan non seulement du seigneur, mais aussi de la terre qu’il cultive. Le cabinet noir sait très bien que l’ affranchissement dans le prolétariat est impossible en Russie, contraire à la tradition, au génie du peuple, au bon sens. Tant mieux; l’émancipation ne sera qu’un fata Morgana, une illusion, un mensonge. Mais une difficulté se présente. La question de l’émancipation se traite dans tous les journaux russes, et tous les journaux influents sont pour l’émancipation avec la terre.

Rien de plus facile que de lever cet obstacle. On met à la porte un ministre de l’instruction publique; on le remplace par un Ponce Pilate tout prêt à se laver les mains des taches d’encre, et on fait signer à celui-ci un ordre à la censure de ne pas donner l’imprimatur aux articles qui parlent de l’émancipation avec la terre.

Voilà pour la publicité.

Eh bien, voyant cela, nous avons crié notre «Prenez garde à vous!» à l’empereur Alexandre II. Nous — le seul organe libre, que possède la Russie — nous avons commencé à dévoiler ces sourdes menées. Voilà la véritable cause des persécutions mesquines dirigées contre notre journal. La Cloche les gêne… ces braves gens, elle leur fait peur; et votre police leur aide, Patres conscripti!

Maintenant, un mot concernant la religion du journal. S’ il y a à Francfort-sur-le-Mein un Russe honnête homme, ou seulement qui ne soit pas attaché à la Chancellerie Impérial, ou enfin un Allemand qui, par prévoyance, ait étudié la langue russe, faites-vous traduire notre programme, et prenez tous nos articles de fond depuis le 1er janvier, vous verrez que notre motto humble, modeste, restreint, n’a jamais été dépassé. Qu’ avons-nous demandé?

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L’ÉMANCIPATION DES PAYSANS —

AVEC LA TERRE CULTIVÉE PAR EUX;

L’ABOLITION DE LA CENSURE PRÉVENTIVE;

I’ABOLITION DE L’INSTRUCTION SECRÈTE ET DES JUGEMENTS

A HUIS CLOS;

I’ABOLITION DES PEINES CORPORELLES.

Ce n’est pas tellement Robespierre et Marat, je pense. Eh bien, nous ne demandons pas autre chose… pour le moment.

On nous aurait laissé passer avec cela. Mais pour corroborer nos théories, nous les avons illustrées par des exemples. Nous avons livré à la publicité des faits monstrueux, infâmes, horribles, de l’administration russe; et, pour le faire, nous n’avons pas cru nécessaire d’inventer des types, de désigner par des noms fictifs tous ces scélérats de la police, prévaricateurs, voleurs et brigands. Non, nous les avons timbrés, enregistrés avec leurs noms et prénoms, chaque fois que nous avons été sûrs des faits. Nous avons mis la date et le nom de la ville; quelquefois même nous avons copié textuellement les documents officiels, les actes des tribunaux. La Cloche devenait en même temps, dans ce pays de souffrances comprimées, de mutisme imposé, et le cri de douleur du serf fouetté par son seigneur, du prisonnier mourant dans son cachot, et une menace incessante pour tous ces faiseurs de faux en écritures publiques.

La peur de se voir dans la Cloche a tourné l’encre de ces braves bureaucrates. Ils opprimaient, ils volaient doucement, paisiblement, sous l’égide du silence imposé par la censure; et, tout à coup, voilà qu’en Angleterre, à Londres, un… Dieu sait qui, commence à soulever leur masque. A partir de ce moment ils ne savent plus ce qu’ils font. Pourquoi, par exemple, exiger de la police de Francfort l’interdiction de la vente d’un journal russe? — Si c’est une épreuve de soumission, dans le genre du chapeau planté par Gessler, c’est du luxe; nul ne doute de l’obéissance toute filiale des gouvernements allemands envers leur cadet de Pétersbourg. Guillaume Tell est exclu de la Walhalla: c’est une production trop suisse. C’est donc uniquement pour nous couper le sifflet, nous bloquer, nous affamer? — Mais alors cela ne suffit pas; ils le savent très bien.

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Nous le leur avons dit, deux fois déjà, dans la Cloche:

«La propagande russe n’est pour nous ni un caprice, ni une distraction, ni un gagne-pain. C’est l’œuvre de notre existence, notre religion, notre manière de servir le peuple russe.

Nous avons travaillé sans abattement, alors que nous ne rencontrions encore ni sympathie, ni encouragement. Est-il probable que, maintenant que le gouvernement russe reconnaît notre force, notre influence, et que la jeunesse russe nous lit avec avidité, nous nous arrêtions?

La main sur le cœur, nous jurons, devant la Russie, de continuer notre œuvre jusqu’au dernier souffle. Notre mort même ne l’arrêtera pas: nous ne sommes pas seuls et nous avons à qui léguer notre presse.

Il n’y a qu’un moyen de couper court à la propagande russe à l’étranger: ce n’est pas d’introduire en Allemagne la censure de Pétersbourg, mais d’abolir la censure allemande en Russie».

La seule chose qui puisse résulter de ces persécutions pour nos Gessler auliques et princes- gendarmes, c’est que nous soyons forcés — pour notre justification — s’ils continuent leurs tracasseries, de traduire nos articles, et, au lieu de laver en famille notre linge sale, de porter à la connaissance de l’Europe entière les faits et gestes de ces oligarques de casernes, de ces maréchaux d’encre et valets d’Etat, qui pullulent dans l’antichambre du Palais d’hiver.

Quant à vous — M. le Président et MM. les Pères Conscrits, — lavez la tête à votre police, choisissez mieux vos agents, et faites lever l’embargo mis sur mes publications à l’embarcadère, afin que je puisse vous prendre sérieusement pour les sénateurs d’une ville libre, et vous témoigner sincèrement ma haute considération.

A. Herzen,

rédacteur de la Cloche et de

ПЕРЕВОД

l’Etoile Polaire.

1-er août 1858.

Putney, près Londres.

ПРОСЛАВЛЕННОМУ СЕНАТУ ВОЛЬНОГО ГОРОДА ФРАНКФУРТА-НА-МАЙНЕ

Господин президент,

Patres conscripti!224[144]

ПРАВИТЕЛИ города Франкфурта совершили акт, незаконный, нелепый и вдобавок крайне осокорбитльный и для бедной Германии… которая все еще тешит себя мечтой о политической независимости, — и для авторитета верховного сената вольного города Франкфурта. Несколько дней тому назад полиция конфисковала на железнодорожной станции номера русской газеты, издаваемой мною в Лондоне, и, не разъясняя причины, без расследования, по простому приказанию русского резидента, запретила ее продажу.

Подобные действия, свидетельствующие об унизительном подчинении и международной грубости, совершались королями, одержимыми умственным расстройством и иезуитизмом, князьками… бесконечно малой величины, но нельзя было ожидать подобного раболепия со стороны вольного города, расположенного на берегах Майна.

Кто ж однако распоряжается, царит управляет во Франкфурте: вы, Patres conscripti, или русский резидент? Если это г. Фонтон, — я оставлю вас в покое, не обращаясь, впрочем, и к нему. Находясь в сомнении и не прочитав еще официального сообщения о присоединении Франкфурта к Балтийским

губерниям, я принужден обратиться к существующим властям.

Я, прежде всего, считаю своим долгом указать вам, что значительность этого факта заключается вовсе не в запрещении маленькой газетки. Слово, мысль, подвергающиеся преследованиям в континентальной Европе, не могли рассчитывать, что найдут во Франкфурте Сарагоссу свободы почати. Но до сих пор — заметьте это, пожалуйста! — и в Германии, даже во время продолжительного царствования Николая, с содержанием произведений печати, подвергающихся преследованиям, бывали знакомы.

Patres conscripti! Можете ли вы это сказать о себе в данном случае? Отвечайте откровенно. — Что именно в этом злосчастном русском «Колоколе» делает его распространение опасным для политического целомудрия добропорядочного вольного города Франкфурта-на-Майне?

Вы ничего об этом не знаете, — будьте искренни: ничего. Что же собою представляет этот «Колокол», издаваемый в Лондоне и преследуемый в Германии? Призывает ли он живых, оплакивает ли мертвых? Католический он или республиканский? Патологическая ли это газета, коммунистическая, монархическая или же мормонская? Кому известно это во Франкфурте? — Г-ну Фонтону и его секретарю.

Франкфуртская полиция просто-напросто с покорностью и послушанием негра привела в исполнение строгое предписание канцелярии г. Горчакова, министра, и князя Долгорукого, жандарма. Вот что важно. Это акт государственной измены, которым полиция сильно скомпрометировала политическую независимость города. Но какова же однако наглость русского правительства! Союзнику, даже самому слабому, из уважения, из вежливости, мотивируют подобные требования; их передают на рассмотрение правительству. У вас же это происходит по-иному: Петербург предписывает, а ваш полицейский комиссар исполняет.

Достаточно было русскому служащему, чиновнику, сказать, что «Колокол» — зажигательный листок, чтоб его конфисковали в Дрездене, в Берлине, бог знает где еще. Бедная Германия, в какую Польшу она превращается!

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Бойтесь, Patres conscripti, русских чиновников «et dona ferentes»! Разве вы не видите по газетам, издаваемым в самом Петербурге, что у нас менее oпасаются грабителей с большой дороги, чем разбойников из малой канцелярии? Но я сейчас разъясню вам, откуда идет озлобление против «Колокола». Затем, не прогневайтесь — вам придется выслушать наше исповедание веры. Это не более чем справедливость. Когда ударяют в Колокол — он звонит. И, подобно звонарю Собора Парижской богоматери, я страстно привязан к своему Колоколу.

Впрочем, ваш великий соотечественник Гёте — у которого и в мыслях не было, что со временем он сделается и моим

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