государь, а о предоставлении Земли крестьянам. Текст «Daily News» гласит: «Whose desire is Land and Liberty»46[46],
И действительно, наша программа полностью резюмируется этими двумя словами: Земля и Воля. Независимость нашей родины слишком упрочена, чтобы нам надобно было провозглашать о ней тост.
Примите и проч.
А. Герцен.
Правда, что Дж. Маццини обвиняли во многих проступках, и в проступках столь важных и столь бессмысленных, что отяготить его еще одной глупостью, сказанной о России и в доме русского, значит добавить к его счету лишь немногое, однако я захотел возвратить переводчику «Journal des Débats» то, что ему принадлежит.
Весьма преданный вам
А. Герцен
29 апреля 1864.
Elmfield-house. Teddixigtofl. S. W.
ЧЕРКАССКИЙ-МИНИСТР РАЗВИВАЕТСЯ
Изобретатель детских розог явным образом имеет в своем характере что-то педагогическое, песталоцциевское; он в министерстве продолжает роль школьного учителя. Министр- славянофил (циркуляр от 4 апреля) распорядился, чтоб все чиновники, т. е. поляки, немцы, жиды, старики 70, 80 лет и пр., учились по-русски и притом на срок; а будут дурно учиться — в отставку. Умирай с голоду, коли дурно учишься. Еще это хорошо, а то как стариков-то детскими розгами за бестолковые русские спряжения!
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NOUVELLE PHASE DE LA LITTÉRATURE RUSSE
La nouvelle période littéraire commencée en Russie après la mort de Nicolas et la guerre de Crimée, période de réveil et d’élan dans le genre de la «Drang und Sturm» période des Allemands, vient d’être en partie détournée de sa voie. Cinq ans ont suffi pour fatiguer le gouvernement et la société. Le gouvernement, après l’émancipation des serfs, a eu peur de s’être trop avancé. Aux malentendus que les nouvelles ordonnances ont fait naître parmi les paysans, il répond par la mitraille; aux refus des étudiants d’obtempérer à de puériles exigences — par les casemates et l’exil: les condamnations pour délits politiques recommencent. Le 14 décembre 1861, le poète Mikhaïlov est condamné aux travaux forcés, pour avoir adressé à la jeunesse un appel qui n’a eu aucune suite.
La société, ce qui est peut-être plus étonnant, commence aussi à murmurer. Elle semble fatiguée de la liberté, avant même de l’avoir obtenue. Elle en craint les excès, avant d’en avoir eu la jouissance. La première effervescence passée, tout tend au calme plat.
Il ne fallait qu’un prétexte pour entrer en pleine réaction, La police le fournit. Pour sortir de l’impasse, elle frappe un grand coup, à l’antique et rejette sur les «rouges», les «socialistes» et la jeunesse en général, l’incendie d’un quartier de Saint-Pétersbourg qu’elle n’a pas su éteindre, et auquel peut-être ont aidé quelques voleurs de rue. Ceci se passait au mois de mai 1862.
A cette accusation, comme si on l’eût attendue, s’élève dans les journaux une clameur contre les incendiaires. On demande des enquêtes et «des punitions extraordinaires». On accuse des jeunes gens qui avaient répandu une espèce de manifeste révolutionnaire.
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«La Gazette de Moscou» tâche d’établir la complicité de la «Jeune Russie» avec les incendiaires et de faire peser sur celle-là la responsabilité des actes de ceux-ci. L’opinion publique s’alarme. On a peur à Pétersbourg. On a peur à Moscou. On a peur dans les provinces. Le gouvernement doit sauver la société, rassurer les esprits; et, pour ce faire, il s’empresse d’ordonner l’arrestation de quelques centaines de jeunes gens, étudiants et littérateurs.
La part que les journaux ont prise à cette alarme a été le prologue de la nouvelle phase du journalisme russe, phase, qui, l’année passée, a fait frémir l’Europe par la franchise sans gêne avec laquelle les feuilles russes ont applaudi aux supplices des Polonais et fait l’apothéose des exécuteurs.
Cependant, l’enquête sur les incendies continuait. Des centaines de personnes étaient examinées. Des maisons sans nombre étaient fouillées. On découvrait des presses clandestines, des imprimés destinés à être répandus, des projets de constitution, des rêves d’utopistes; mais pas un seul complice de ces farouches incendiaires qui avaient imaginé de brûler une ville pour gagner les sympathies de ses habitants.
Pendant plus d’un an, avec une ardeur sans pareille, avec un zèle fiévreux et avec tous les moyens dont la police russe dispose on poursuivit l’instruction de ce procès… Pas un coupable.
A quatre reprises différentes «Le Kolokol», de Londres, a demandé les noms de ces exécrables Catilinas, de ces nouveaux Hérostrates, et les détails des peines qui leur ont été infligées… Silence de mort.
Le prince Souvoroff, gouverneur de Pétersbourg, homme loyal et honnête, fit un rapport sur le procès, et voulut le publier. Mais le ministre de l’intérieur, M. Valouïev, s’y opposa, trouvant scabreux de déclarer, après un an d’enquêtes, que l’on n’avait rien découvert. En outre, il était d’avis qu’il était bon pour le gouvernement de laisser planer le soupçon sur les hommes inquiets et turbulents.
Le gouvernement s’est vu si bien soutenu dans les vues réactionnaires, qu’il a commencé aussitôt à poursuivre avec acharnement la presse indépendante. On suspend les Revues; on jette à la forteresse le publiciste le plus notable, Tchernychevski; on
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menace les uns; on achète les autres, et l’on parvient ainsi à créer une littérature d’ordre et d’édilitê morale, qui, jusqu’alors, n’avait jamais existé en Russie.
La censure, passant de ses bureaux dans la littérature même, agit dès lors avec des armes beaucoup plus dangereuses que ne l’étaient les ciseaux. Un système d’insinuations, une police de correspondants commence à s’établir. II ne fallait plus après cela que le soulèvement de la Pologne, pour que toute retenue, tout sentiment de décorum fussent dépassés.
C’est de cette période étrange, triste, que nous voulons dire-quelques mots.
I
La littérature russe — proprement dite — ne commence qu ‘avec le XVIII-e siècle, c’est-à-dire avec la réforme de Pierre I-er. Elle en sort, nouvelle Minerve, tout armée de diplômes et en uniforme académique. La période naïve d’une croissance normale lui manque. Elle commence par les satires du prince Kantémir, et prend racine par les comédies de Von Viezen, pour aboutir au rire amer de
Griboïédoff, à l’ironie implacable de Gogol, et à une négation sans peur, et sans bornes, de la nouvelle école.
Le seul grand poète et grand artiste qui puisse, par son chant, sonore et large et sa placidité esthétique, faire exception, est Pouchkine; et c’est lui qui a tracé la figure triste et tout à fait nationale d’Onéguine, de l’homme inutile.
Il y avait bien, avant la civilisation, une autre littérature en germe. Mais celle-ci n’avait rien de commun avec la littérature civilisée. La langue, les caractères même de l’impression, tout était différent. C ‘était une littérature vulgaire et pauvre, dans laquelle se faisaient entendre les premiers sons d’un lyrisme-tout populaire et les pieuses méditations des sectaires proscrit» et persécutés; les chants en étaient doux, tristes, mélancoliques; se laissant aussi quelquefois aller à des accès de gaîté folle. Quant, aux traités religieux, ils étaient toujours sombres, austères, ascétiques. Les chants, grâce aux nourrices, aux bonnes, à quelques vieux serfs, pénétraient parfois dans le monde civilisé. La littérature souterraine des sectaires restait cachée dans les forêts, au sein des communautés assez éloignées pour échapper à la double
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surveillance de la police orthodoxe et de l’église policière. Ce n’est que dans les derniers temps que l’on a commencé à recueillir, de la bouche même des paysans, ces chants et ces mélodies.
Toutefois, il nous semble indispensable de prévenir dès le commencement nos lecteurs, que dans le cours de cette étude — comme dans la ci-devant bonne compagnie russe — nous ne parlerons pas du tout de cette littérature élémentaire et nationale, qui a été constamment au-dessous du cens civilisateur de l’empire russe; la littérature qui nous occupe n’est pas une simple fleur «de champs. Loin de là, c’est une fleur exotique, transportée à grands frais dans les serres impériales de Pétersbourg. Elle ne fut jamais soignée par les mains rudes d’un paysan. Ce fut dans les écoles d’Allemands cosmopolites, dans les casernes de la garde impériale et les chancelleries des bureaucrates qu’elle reçut son éducation. Aussi ne sortit-elle jamais, du cercle de là noblesse et des employés de l’Etat, et ne fut-elle, au fond, elle-même qu’un genre de service, un emploi, une fonction. Cela ne paraîtra pas étrange aux Allemands; ils ont eu une «philosophie de l’Etat»; nous avons eu également une littérature de l’Etat, ordonnée par le gouvernement, imposée par la police. Mais ce qui est fort étrange, c’est qu’après avoir fait son éducation aux frais de la couronne, dès qu’elle se sentit tant soit peu ferme sur les propres pieds, elle se transforma, avec une ingratitude remarquable, en opposition sourde, en protestation d’ironie et de dérision.
Rien ne saurait être plus erroné que de croire que cette littérature artificielle, transvasée de l’Occident, et frelatée d’une Infusion allemande, n’ait pas été effectivement assimilée par le milieu russe, et ne se le soit pas assimilé à son tour. C’est tout le contraire. Elle a poussé des racines très vivaces dans un sol pierreux, dur, couvert de boue, où elle s’est, développée, maladive mais tenace, dès qu’elle se sentit tant soit peu délivrée de jardiniers pédants qui sacrifiaient tout à la régularité classique, et aimaient la taille des arbres plus que les plantes elles-mêmes. Elle s’est développée, avec la satire sur les lèvres et le dédain du milieu qui l’entourait dans le cœur, comme se développent ces pauvres gamins des grandes villes, dans des carrefours
sans air et sans lumière, entre une remise et un ruisseau, malingres, nerveux, étiolés, pâles, mais possédant un fond inépuisable de forces et de précocité. Comme eux, la littérature russe, dans sa première période, n’a jamais vu les champs. Elle ne s’est jamais éloignée de l’antichambre du palais; elle n’a jamais dépassé la dernière marche de L’échelle des rangs. Elle s’arrêtait là, où cesse l’officier et où commence le simple mortel. Et с ‘était juste; car, personne ne le lui enseignant, le simple mortel ne savait pas lire.
Sans base populaire, sans nécessité intérieure d’existence, sans souvenir, rompant avec le passé, méprisant tout ce qui