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Полное собрание сочинений. Том 33. Дополнения к изданию. Публичные чтения Г. Грановского

A Paris il a jasé avec l’Empereur sur Garibaldi. Tout allait bien, l’Empereur était content de ce que le peuple anglais appréciât si bien les grands hommes étrangers. A Drouin de Lhuys, Clarendon a dit — c’est-à-dire il n’a rien dit — mais s’il avait osé, il eût dit, comme Palmerston: «Civis romanus sum».

Quant à l’ambassadeur autrichien, il n’était peut-être pas aussi satisfait, mais il ne disait mot de cette réception scandaleuse «des berüchtigten Umwalzungs-Keneral».

Avec tout cela, des chats grattaient le cœur du ministère, il avait des insomnies. Le premier chuchote avec le second, le second avec le troisième, le troisième avec lord Shaftsbury, lord Shaftsbury avec Seely m. p., Seelly m. p. avec Fergusson de la

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Faculté, Fergusson avec le Duc-sapeur-pompier. Gladstone revient le premier à lui, mais il se sent pris d’une douleur vive, intense, d’une inquiétude maternelle pour la santé de Garibaldi. Qui aurait pu penser qu’il y eût tant de tendresse, tant d’amour, un tel abîme de sensibilité sous le portefeuille des finances.

Le lendemain de notre fête, je prends un journal du soir. Grande nouvelle, maladie du général Garibaldi, départ du général Garibaldi. — N’ayant pas la sensibilité de Gladstone, je flairai quelque chose d’étrange, et je restai sans inquiétude pour la santé d’un homme que j’avais vu la veille parfaitement bien portant. Certainement il y a des maladies galopantes, l’Empereur Paul se coucha un soir en parfaite santé, et ne se leva pas le lendemain. Mais Garibaldi n’était pas un homme à recevoir un coup d’apoplexie dans la tempe. — «Non, c’est un coup monté, allons voir», — me dis-je à moi-même.

D’abord, j’allai chez Mazzini, et ne l’ayant pas trouvé, chez une dame de ses amies. Elle me donna la première quelques explications sur l’attention aiguë et les sentiments fougueux du ministère, à qui la santé d’un grand homme est toujours chère…

Je me dispense des détails. Shaen dans son discours au second meeting de Primerose-hill, a raconté l’affaire, et il n’a pas été réfuté. Je m’en tiens donc aux généralités de la mise en scène.

Lorsque le dimanche Garibaldi revint chez lui de Teddington, les conspirateurs étaient déjà derrière le mur de sa chambre, à Stafford-house. Il ne se doutait ni de sa maladie, ni du complot, et mangeait des raisins. On discutait chaudement à qui l’on donnerait la préférence, personne ne briguait l’honneur d’être le premier, enfin on fit un choix admirable. Gladstone devait parler. Shaftsbury et Selly l’assister par leur silence éloquent.

Il n’y a pas à plaisanter avec un parleur comme Gladstone qui, chaque fois qu’il a parlé à des parlements, à des universités, à des corporations, à des délégations, leur a fait perdre le fil de leur raisonnement, et accepter son propre raisonnement à lui. Comme captatio benevolentiæ, il commença en italien, et il fit parfaitement bien, car il parlait dans un tête à tête, devant deux témoins qui ne comprenaient pas un mot d’italien. Au commencement Garibaldi ne comprit pas de quoi il s’agissait et lui dit qu’il se portait à merveille. Le ministre ne voulut pas accepter un fait éventuel et tâcha de lui prouver d’après Fergusson, lettre en main, qu’il était très malade. Enfin Garibaldi s’aperçut qu’il y avait quelque chose d’étrange dans cette attention amicale et demanda à son interlocuteur si ses paroles ne signifiaient pas par hasard, que le gouvernement désirait qu’il s’en allât. — Le ministre ne lui cacha pas que sa présence, si chère pour lui et pour ses collègues, compliquait d’une manière toute particulière

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une position tendue. — «Mais qu’à cela ne tienne, — dit Garibaldi, — je suis tout prêt à partir».

Le succès était trop grand, trop rapide, Gladstone eut peur et insinua à Garibaldi qu’il ne fallait pas se presser, qu’avant de retourner à Caprera, il pouvait visiter deux ou trois villes.

— Il m’est impossible de faire un choix, — répondit Garibaldi, — mais je vous donne ma parole que je partirai dans deux ou trois jours.

La nouvelle de son départ se répandit dans toute la ville, on était très mécontent.

Le soir (lundi), il y eut une interpellation au parlement. Le jeune et volage Palmerston déclara aux membres des communes, que quant à lui il ne désirait nullement le départ de Garibaldi, mais qu’il avait des inquiétudes très sérieuses concernant la santé du général, et là il entra dans des détails hygiéniques comme si Sa Grâce était ou une femme aimante, ou un docteur attaché à une compagnie d’assurance sur la vie; il parla à la chambre des heures du sommeil et des heures du dîner du général, des suites de sa blessure et des émotions fortes que devaient lui causer les réceptions; il poussa sa sollicitude au point de faire de la séance du parlement une conférence médicale; il s’appuyait, non sur Chatam, ni sur Burke, mais sur Fergusson, qui l’aidait beaucoup dans cette opération.

Le Corps législatif décida que Garibaldi était malade. Les provinces et les comtés, les villes et les villages, les universités et les bourgs ont en Angleterre le self-government le plus étendu. Le gouvernement repousse avec un pédantisme timoré toute velléité d’immixion dans les affaires qui ne le concernent pas; par crainte de restreindre la liberté des Work-houses, il tolère la «starvation» (la mort par la faim); par crainte de restreindre l’industrie, il permet à de braves capitalistes de crétiniser une population entière. Et voilà que tout à coup le gouvernement se fait garde-malade, chirurgien, médecin, tuteur. Les grands pilotes de l’Etat quittent le gouvernail du grand vaisseau pour donner une consultation médicale, et prescrivent à un homme qui ne leur demande pas de conseil un voyage sur l’Océan. Le ministre des finances oublie le grand-livre, le crédit et le débit, l’income-taxe, l’export et l’import, la balance et la surveillance, et se fait frater, tandis que le ministre des ministres rédige un rapport médical et pathologique aux représentants des hommes qui ont dix livres de rente… Est-ce que le self-government de l’estomac de Garibaldi et de ses autres fonctions organiques n’est pas aussi sacré que l’arbitraire des institutions de bienfaisance, qui servent si bien d’antichambres aux cimetières?

Garibaldi avait absolument le droit de ne pas partir, après la déclaration de Palmerston et de Clarendon. Il devait douter

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ou des conseils qu’on lui donnait, ou de la sincérité de Palmerston, de la sincérité d’un ministre de la couronne parlant devant les représentants de l’Angleterre! L’Angleterre qui déteste le mensonge et l’hypocrisie… Never!

«Les paroles de Palmerston ne peuvent en rien changer la promesse que j’ai donnée», — dit Garibaldi à ses amis, et il ordonna de faire les malles.

C’était Solferino!

Mon ami Bélinsky m’écrivit il y a une vingtaine d’années: «Sais-tu pourquoi nous perdons toujours en jouant avec les diplomates (je crois que ce n’est pas précisément le terme qu’il a employé — vingt années ne sont pas une bagatelle — mais le sens y est…). C’est que les diplomates nous traitent, nous autres, comme si nous étions des diplomates, tandis que nous les traitons comme s’ils étaient nos pareils».

On comprend maintenant pourquoi nous avons dit — qu’un jour plus tard — notre fête aurait eu un autre caractère.

Le lendemain j’allai vers huit heures du matin à Stafford-house. Garibaldi n’y était plus. Il avait voulu passer les derniers jours chez Seely, à Londres (26, Princess Gate, Kensington Garden). Je le trouvai là. Parler avec lui seul était chose impossible; il était gardé à vue par une vingtaine de personnes, qui marchaient, parlaient, le suivaient dans sa chambre, rôdaient dans le salon à côté, mais ne s’en allaient pas. «Vous partez?» — lui dis-je, en prenant sa main et d’un air de reproche. «Je plie aux nécessités», — me répondit-il tristement en me serrant la main.

La veille du départ de Garibaldi, je me rendis chez lui vers deux heures. Il était triste et fatigué; Stansfeld était là, il regarda sa montre et dit à Garibaldi:

— Votre réception va bientôt commencer.

— Comment, — dit Garibaldi comme effrayé, est-ce possible?

— Deux heures moins dix minutes.

— Grace à Dieu, profitons de ces dix minutes pour causer un peu.

Mais il ne s’en passa pas cinq avant que l’impresario vint dans la chambre; il était affairé, déplaçait des chaises, et annonçait que le salon, le grand couloir, tout était déjà rempli par le public.

Ce jour-là, les membres du Parlement avec leur famille, une partie des notabilités qui ne lui avaient pas été présentées, la haute nobility et la gentry, en tout deux mille âmes, d’après le Times, faisaient leur cour à Garibaldi. C’était un grand lever royal en forme, et encore un grand lever qui serait impossible non-seulement pour un roi de Wurtemberg, mais même pour le roi de Prusse, s’il n’y admettait pas les sergents, les savants et les docteurs.

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— Je vais m’en aller, — dis-je à Garibaldi.

— Pourquoi faire? Restez donc.

— Mais que ferai-je ici?

— Ecoutez, — me dit-il en souriant, — je puis bien recevoir un vieil ami, recevant une telle masse de personnes inconnues.

Les portes s’ouvrirent, un homme en habit noir, une grande feuille à la main, alla se placer à l’entrée. Ce maître des cérémonies annonça d’une voix forte les personnes qui entraient:

— The right honourable…, honourable…, his Excellency… family… his Lordship… right honourable…, Lady…, Esquire…, Esq…, Misss., Esq…, Membre du Parlement…, M. p…, M. p…, M. p… — c’était sans fin. Après chaque nom, débouchaient dans l’appartement trois ou quatre énormes crinolines qui naviguaient lentement comme des moitiés d’aérostats, accompagnées des leurs cornacs, dans la direction de Garibaldi. Que d’étranges figures, coiffures, sourires, j’ai vu dans ce défilé…, des petits vieillards carrés, trappus, chauves et des vieillards longs, ressemblant à des girafes qui ont perdu les deux jambes de derrière, et qui tendent encore à grandir

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A Paris il a jasé avec l'Empereur sur Garibaldi. Tout allait bien, l'Empereur était content de ce que le peuple anglais appréciât si bien les grands hommes étrangers. A Drouin