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Полное собрание сочинений. Том 7. О развитии революционных идей в Росси. Произведения 1851 — 1852 годов

et de travailler, ils s’en tenaient à ce pressentiment.

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De cette manière, en faussant les faits, ils ont faussé leur propre entendement. Leur jugement n’était plus libre, ils ne voyaient plus de difficultés, tout leur paraissait résolu, tranché. Ils ne cherchaient pas la vérité mais des objections à leurs antagonistes.

Les passions se mêlèrent à la polémique. Les Slavophiles exaltés se ruèrent avec acharnement sur toute la période de Pétersbourg, sur tout ce qu’a fait Pierre le Grand, et enfin, sur tout ce qui était .européisé, civilisé. On peut comprendre et justifier cet entraînement comme un acte d’opposition, mais par malheur, cette opposition alla trop loin, et se vit alors, d’une manière étrange, placée du côté du gouvernement contre ses propres aspirations à la liberté.

Après avoir décidé a priori que tout ce qui était venu des Allemands ne valait rien, que tout ce qui avait été introduit par Pierre Ier était détestable, les Slavophiles revinrent à l’admiration des formes étroites de l’Etat moscovite et, abdiquant leur propre raison et leurs propres lumières, ils coururent s’abriter avec ferveur sous la croix de l’église grecque. Nous autres ne pouvions leur concéder de pareilles tendances, d’autant plus que les Slavophiles s’abusaient étrangement sur l’organisation de l’Etat moscovite et prêtaient à l’orthodoxie grecque une importance qu’elle n’a jamais eue. Remplis d’indignation contre le despotisme, ils arrivaient à un esclavage politique et moral; avec toutes les sympathies pour la nationalité slave, ils sortaient, par une porte opposée, de cette même nationalité. L’orthodoxie grecque les entraînait vers le byzantisme, et, en effet, ils se dirigeaient rapidement vers cet abîme de stagnation dans lequel ont disparu les vestiges du monde ancien. Si les formes et l’esprit de l’Occident ne convenaient pas à la Russie, qu’y avait-il de commun entre elle et l’organisation du Bas-Empire? Où le lien organique entre les Slaves, barbares par jeunesse, et les Grecs, barbares par décrépitude s’est-il manifesté? Et enfin qu’est-ce que cette Byzance si ce n’est Rome, la Rome de la décadence, Rome sans réminiscences glorieuses, sans remords? Quels nouveaux principes Byzance a-t-elle apportés à l’histoire? Est-ce l’orthodoxie grecque? Mais elle n’est que le catholicisme apathique; les principes sont tellement les mémos, qu’il a fallu sept siècles de controverses et de dissensions pour faire croire à des différences

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de principes. Est-ce l’organisation sociale? Mais elle était basse dans l’empire oriental sur l’autorité absolue, sur l’obeissance passîve,sur l’absorption complète de l’individu par l’Etat, de l’Etat par l’empereur.

Fst ce-qu’un tel Etat pouvait communiquer une vie nouvelle a un peuple jeune? Les Slaves occidentaux du Midi ont et dans un contact prolongé avec les Grecs du Bas-Empire, qu est-ce qu’ils y ont gagne?

On a deja oublie ce qu’étaient ces troupeaux d’hommes parqués par les empereurs grecs, sous la bénédiction des patriarches de Constantinople. Il suffit de jeter un coup d’œil sur les lois de lèse- majesté, recemment si bien imitées par l’empereur Nicolas et son jurisconsulte Hube, pour apprécier cette casuistique de la servitude cette philosophie de l’esclavage. Et ces lois ne concernât que le temporeil venaient ensuite les lois canoniques qui reglaient les mouvements, la forme des habits, la nournture et le rire. On se figure ce que devenait l’homme pris dans le doube le de l’Etat et de l’église, continuellement tremblant et menacé ici par le juge sans appel et le bourreau obéissant, la par le prêtre agissant au nom de Dieu et par les épithermes qui liaient dans ce monde et dans l’autre.

Ou voit-on l’influence bienfaisante de l’église orientale?

Quel est le peuple qu’elle ait civilise ou emancipe parmi tous ceux qui l’ont acceptée, depuis le IVme siecle jusq’a nos jours. Est-ce l’Arménie, la Géorgie, sont-ce les peuplades de Asie Mineure, les pauvres habitants de Trebisonde?Est-ce enfin la Morée? On nous dira peut-être que l’église ne pouvait rien faire de ces peuples usés, corrompus sans avenir. Mais les Slaves race saine de corp et d’ame, y ont gagne quelque chose? L’église orientalle s’introduisait en Russie âl’époque florissante et sereine de Kiev, sous le grand prince Vladimir. Elle l’a conduit au temps triste et abjekt par Kochikhine, elle a beni et sanctionne toutes les mesures prises contre la liberté du peuple.Elle, a enseigné aux tzars le despotisme byzantin, elle a prescrit au peuple une obéissance aveugle, même lorsqu’on l’attachait a la glebe et qu’on le courbai au servage. Pierre le Grand paralysa1 influence du clergé; ce fut un de ses actes les plus importants; et 1 on voudrait la ressusciter?

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Le slavisme qui n’attendait le salut de la Russie que de la réhabilitation du régime byzantino — moscovite n’émancipait pas mais liait; n’avançait pas, mais reculait. Les Européens, ainsi que les appelaient les Slavophiles, ne voulaient pas échanger un collier d’esclavage allemand contre un collier slavo-orthodoxe ils voulaient se libérer de tous les colliers possibles. Il ne s’efforçaient pas de rayerles temps qui s’étaient écoulés depuis Pierre Ier, les efforts d’un siècle si dur, si rempli de fatigues. Ce qu’on avait obtenu par tant de souffrances, par des torrents de sang, ils ne voulaient pas l’abdiquer pour revenir à un ordre de choses étroit, à une nationalité exclusive, à une église stationnaire. Les Slavophiles avaient beau dire comme les légitimistes, qu’on pouvait en prendre le bon côté et laisser le mauvais. C’était une erreur fort grave, ils en commettaient une autre qui est commune à tous les réactionnaires. Adorateurs du principe historique, ils oubliaient constamment que tout ce qui s’était passé depuis Pierre Ier était aussi de l’histoire, et qu’aucune force vivante, pour ne pas parler des revenants, ne pouvait effacer les faits accomplis, ni éliminer leurs suites.

Tel est le point de vue duquel partit une vive polémique contre les Slavophiles. A côté d’elle, les autres intérêts, qui se débattaient dans les journaux, descendirent au second rang. La question, en effet, était palpitante d’intérêt.

Sénkofski lança une nuée de ses flèches les plus acerbes dans le camp des Slavophiles avec une adresse parfaite. Satisfait des éclats de rire qu’il provoqua contre ses victimes, il se retira avec orgueil. Il n’était pas fait pour une polémique sérieuse. Mais un autre journaliste releva la mitaine 15[ 15 ] des Slaves jetée à Moscou, et déroula bravement le drapeau de la civilisation européenne contre la lourde bannière, à l’image de la vierge byzantine, que portaient les Slavophiles.

Ce lutteur, qui parut à la tête des Annales patriotiques, ne prédisait pas de grands succès aux Slavophiles. C’était un homme de talant et d’énergie, qui avait, lui aussi, des convictions fanatiques, un homme audacieux, intolérant, irascible et nerveux: Bélinnski.

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Son propre développement est très caractéristique pour le milieu dans lequel il a vécu. Né dans la famille d’un pauvre fonctionnaire d’une ville de province, il n’en emporta aucun souvenir consolant. Ses parents étaient durs, incultes, comme tous les gens de cette classe dépravée. Bélinnski avait dix ou onze ans, lorsque un jour son père, rentrant à la maison, se mit à le gronder. L’enfant voulut se justifier. Le père furieux le frappa, le renversa par terre. Le garçon se leva métamorphosé: l’offense, l’injustice avaient brisé en lui à la fois tous les liens de parenté. La pensée de la vengeance l’occupa longtemps; mais le sentiment de sa propre faiblesse la changea en cette haine contre toute autorité de famille qu’il conserva jusqu’à la mort.

C’est ainsi qu’a commencé l’éducation de Bélinnski. La famille l’émancipa par les mauvais procédés, la société par la misère. Jeune homme nerveux et maladif, peu préparé pour les études académiques, il ne fit rien à l’Université de Moscou, et, comme il y fut élevé aux frais de la couronne, on l’en exclut en disant: «Facultés faibles et point d’application». Avec cette note humiliante, le pauvre jeune homme entra dans la vie, c’est-à-dire, fut mis à la porte de l’Université au milieu d’une grande ville, sans un morceau de pain et sans les moyens d’en gagner. Il fit alors la rencontre de Stankévitch et de ses amis qui le sauvèrent.

Stankévitch, mort jeune il y a une dizaine d’années en Italie, n’a rien fait de ce qu’on inscrit dans l’histoire, et pourtant il y aurait de l’ingratitude à le passer sous silence, lorsqu’on parle du développement intellectuel en Russie.

Stankévitch appartenait à ces natures larges et sympathiques dont l’existence seule exerce une grande action sur tout ce qui les entoure. Il a répandu, parmi la jeunesse de Moscou, l’amour de la philosophie allemande, introduite à l’Université de cette ville Par un professeur distingué, Pavloff. C’est Stankévitch qui dirigea les études d’un cercle d’amis, qui reconnut le premier les facultés spéculatives de notre ami Bakounine et qui le poussa à l’étude de Hegel; c’est lui aussi qui rencontra Koltzoff dans le gouvernement de Voronèje, l’amena à Moscou et l’encouragea. Stankévitch apprécia à sa juste valeur l’esprit ardent et original de Bélinnski. Bientôt la Russie entière rendit justice au

talent audacieux du publicist taxé d’incapacité par le curateur de l’Université de Moscou.

Bélinnski se mit avec acharnement à l’étude de Hégel. Son ignorance de la langue allemande, loin de former un obstacle, ne fit que faciliter ses études: Bakounine et Stankévitch se chargèrent de lui faire part de ce qu’ils savaient sur ce sujet et le firent avec tout l’entraînement de la jeunesse et toute la clar té de l’esprit russe. Il ne lui fallait au reste que des indices pour atteindre ses amis. Une fois maître du système de Hegel, il s’insurgea le premier entre ses adeptes moscovites, sinon contre Hegel lui-même, au moins contre la manière de l’entendre.

Belinnski était complètement libre des influences que nous subissons lorsque nous ne savons pas nous en défendre. Séduite par la nouveauté, nous acceptons dans notre première jeunesse une foule de choses de mémoire, sans les vérifier par l’entendement. Ces réminiscences, que

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et de travailler, ils s'en tenaient à ce pressentiment. 102 De cette manière, en faussant les faits, ils ont faussé leur propre entendement. Leur jugement n'était plus libre, ils ne