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Собрание сочинений в тридцати томах. Том 6. С того берега. Долг прежде всего

останавливаться на узком воззрении либерального конституционализма, этой платонической и бесплодной любви к политике!

Оптический обман, при помощи которого рабству придавали видимость свободы, рассеялся; маски спали, мы в точности теперь знаем цену республиканской свободы во Франции и конституционной свободы в Германии; мы видим теперь (а если не видим этого, то в этом наша вина), что все существующие правительства, начиная от скромнейшего швейцарского кантона до самодержца всея Руси, – это лишь вариации одной и той же темы.

«Свободой должно пожертвовать во имя порядка, личностью – во имя общества, итак, чем сильнее правительство, тем лучше».

Скажу еще раз: если ужасно жить в России, то столь же ужасно жить и в Европе. Отчего же покинул я Россию? Чтоб ответить на этот вопрос, я переведу вам несколько слов из моего прощального письма к друзьям:

«Не ошибитесь! Не радость, не рассеяние, не отдых, ни даже личную безопасность нашел я здесь, да и не знаю, кто может находить теперь в Европе радость и отдых. Грустью дышит каждое слово моих писем. Жизнь здесь очень тяжела.

Я ни во что не верю здесь, кроме как в движение; и не жалею здесь никого, кроме жертв; не люблю здесь никого, кроме тех, которых преследуют; никого не уважаю, кроме тех, кого казнят, и однако остаюсь. Я остаюсь страдать вдвойнестрадать от нашего горя и от горя, которое нахожу здесь, погибнуть, может быть, при всеобщем разгроме. Я остаюсь, потому что борьба здесь открытая, потому что она здесь гласная.

Горе побежденному здесь! Но он не погибает, прежде чем вымолвил слово, прежде чем испытал свои силы в бою, и именно за этот голос, за эту открытую борьбу, за эту гласность я остаюсь здесь».

Вот что я писал 1 марта 1849 года. Дела с того времени сильно изменились. Привилегия быть выслушанным и открыто сражаться уменьшается с каждым днем; Европа с каждым днем становится все более похожей на Петербург; есть даже страны, более похожие на Петербург, чем сама Россия. Венгры знают это, – венгры, искавшие в безумии отчаяния защиты под русскими знаменами…

Если же и здесь дойдут до того, что заткнут нам рот и не позволят даже проклинать во всеуслышание наших угнетателей, то я уеду в Америку. Я – человек и пожертвую всем ради человеческого достоинства и свободы слова.

Вероятно, вы последуете туда за мною?..

Лондон, 25 августа 1849 г.

Lettre d’un Russe à Mazzini: #c003004

En vous remerciant de l’honneur que vous avez fait à ma lettre sur la Russie[89 — C’est la lettre publiée dans l’édition hebdomadaire de la Voixdu Peuple.] en publiant la traduction dans L’Italia del Popolo, je vous prie de me permettre d’y ajouter quelques réflexions que me suggèrent les derniers événements. Je vous serais bien reconnaissant de leur donner place dans votre journal.

On parle d’une guerre entre la Russie et la Turquie. Le désir d’une rupture avec la Porte est évident chez l’empereur Nicolas; peu scrupuleux sur les moyens, il s’est contenté d’un prétexte privé de fondement et d’une révoltante inhumanité. Il est étonnant qu’un homme de l’habileté de M. Titof, jadis littérateur libéral de Moscou, n’ait pas trouvé un meilleur prétexte, au moins dans l’intérêt de sa réputation.

Chose étrange! L’empereur Nicolas, après un règne de 24 ans, se montre persécuteur aussi implacable qu’aux premiers jours de son avènement. Le monde commençait déjà à oublier les jours néfastes où régnait l’ordre à Varsovie; sa réputation devenait meilleure, comparée à la dépravation et à la sanguinaire barbarie des autres gouvernements. Dépassé dans sa férocité par les fusillades de Juin, par le sombre delirium tremens d’un de ses voisins et par la nymphomanie empoisonnée d’une de ses voisines qui a élevé un enfant, son fils, à remplir les fonctions de bourreau, l’empereur Nicolas était relégué au second rang de la tyrannie.

Or, voici qu’il se présente aux yeux du monde, jetant le grand défi à la Turquie, sous prétexte que la Porte, se souvenant qu’elle n’est ni chrétienne, ni civilisée, refuse de livrer sept à huit cents héros qu’il veut fusiller.

En vérité, l’offense est grave; et entre amis on ne se refuse pas ces petits services!

Cet incident se terminera peut-être sans dégainer; notre siècle impuissant et décrépit semble quelquefois prendre une énergique résolution, mais retombe aussitôt sans avoir rien fait. Ainsi la Révolution de Février fut suivie d’un mouvement rétrograde qui nous reporte au delà de 1789. – Toutefois, la guerre entre la Porte et la Russie ne peut être que différée.

Byzance est le rêve constant de la Russie, le fanal que, depuis le X siècle, elle n’a jamais perdu de vue. Byzance est pour les barbares orientaux la Rome orientale. Le peuple russe l’appelle Tsargrad, la reine des cités, la cité des Césars. De là lui vient sa religion: Byzance l’a sauvé du catholicisme et du droit romain; Byzance, succombant sous les coups des Osmanlis, a transmis à la Russie son aigle à deux têtes, l’aigle du double empire, comme dot d’une Paléologue, devenue l’épouse du premier tzar moscovite. Pierre I et ses descendants n’ont pu dormir paisiblement; il leur fallait Constantinople. Les lambeaux sanglants de la Livonie, de l’Esthonie, de la Finlande, ceux enfin de la Pologne, ne les ont pas satisfaits. Le but de leurs désirs, leur utopie, leur idéal, c’est Constantinople. Catherine II donna le nom de Constantin à son second fils. L’un des fils de Nicolas, le grand-amiral, se nomme aussi Constantin.

Le moment de faire la guerre n’est pas mal choisi, et peut-être verrons-nous l’aigle à deux têtes détacher son vol des glaces du nord et se reposer sur le croissant qui surmonte les coupoles chrétiennes de Sainte-Sophie. Stamboul tombera, Byzance resurgira! Que les destins s’accomplissent!

Que signifie cet instinct, cette tendance éternelle et fatale qui pousse les Slavo-Russes vers Byzance, depuis les Varègues, depuis Oleg et Sviatoslaw qui allèrent clouer l’écusson de la barbarie et du paganisme sur les murailles de la capitale de l’empire d’Orient, jusqu’à l’empereur Nicolas! Est-ce une inclination naturelle, une loi physiologique, ou, si vous voulez, une fatalité?

Dans l’intérêt de l’empereur, je lui conseillerais cependant de ne pas s’aventurer dans cette guerre et d’y penser mûrement avant de l’entreprendre.

Vous croyez peut-être que je voudrais l’en détourner par la crainte que ses troupes ne soient battues? Non; l’armée russe sera victorieuse.

Vous croyez, peut-être, que l’Europe ne le permettrait pas? Non; l’Europe permettra tout.

Je sais très bien qu’une telle guerre fera beaucoup de bruit. On lancera des notes diplomatiques; on expédiera des diplomates notables. On fera faire une promenade militaire à quelque corps d’armée; une autre promenade aux flottes sur la mer. On profitéra de ce prétexte pour faire voter des crédits supplémentaires. On prononcera dans les parlements de magnifiques discours qui renverseront les ministères. On fera des rassemblements dans les rues. On imprimera dans les journaux des articles fulminants et des appels au Peuple. On tentera des manifestations pacifiques qui donneront l’occasion aux amis de l’ordre de fusiller et déporter leurs ennemis. Puis, les ministres viendront déclarer que l’empereur de Russie a donné des explications franches et satisfaisantes; qu’il ne veut pas agrandir ses Etats; que la guerre contre la Turquie n’est dirigée que contre les doctrines perverses et subversives; qu’il s’agit seulement de frapper le Socialisme à Constantinople, – et le silence se fera. L’Europe a-t-elle empêché la Russie de dévorer la Pologne, de dévaster la Hongrie et de protéger la Moldavie et la Valaquie?

Et qui prononcerait le veto?

La France, peut-être? La France, comme lady Macbeth, ne lavera pas sitôt les taches de sang sur ses mains fratricides. La France est trop coupable pour oser élever la voix contre l’iniquité d’autrui.

L’Angleterre, peut-être? Elle est forte, mais on traitera avec elle. On lui donnera l’Egypte. On pourrait lui donner Pétersbourg sans perdre à ce marché! En attendant, elle brûlera les vaisseaux de quelques négociants russes, elle stipulera un traité de commerce avec d’immenses avantages, et elle occupera provisoirement quelques îles qu’elle oubliera de restituer.

L’Autriche? Mais est-ce qu’il existe une Autriche? C’est une réminiscence historique, une expression géographique, un cadavre qu’on n’a pas encore eu le temps d’ensevelir.

Serait-ce, par hasard, le pacha russe de Berlin? Mais ce gouvernement peut-il être autre chose que russe?

Et néanmoins je ne conseillerais pas à l’empereur Nicolas d’aller se chauffer au soleil qui resplendit sur les rives du Bosphore. Il fait plus froid à Saint-Pétersbourg, mais il y fait plus sûr. Constantinople conquise, le sceptre de fer de Pierre I se rompra en voulant s’allonger jusqu’aux Dardanelles; Constantinople conquise, la dynastie des Romanoff devient impossible, inutile et n’a plus de signification.

La dynastie des Romanoff va se perdant depuis le réveil de la nationalité russe en 1812, depuis la maudite Sainte-Alliance, depuis la résurrection du sentiment politique en 1825. L’autorité impériale ne crée plus rien, a perdu toute initiative et ne fait que se maintenir, en réprimant tout mouvement, en s’opposant à tout progrès; son œuvre est toute négative.

La Russie, pleine de vie et de force, recule ou reste immobile. L’absolutisme, voulant absorber tout et craignant tout, entrave la marche de la Russie. C’est un pesant sabot attaché aux roues du char, lequel s’enfonce davantage à chaque pas et finira par arrêter la machine, la faire voler en pièces ou se briser lui-même.

Voyez l’attitude du gouvernement de Pétersbourg depuis le 24 Février. Avide d’agrandissements, ses yeux ne se détournent pas de la Galicie, du grand duché de Posen et des principautés danubiennes. Son inquiète avidité pèse les chances de s’approprier les Slaves autrichiens; et il n’ose! tant il craint d’inoculer la Révolution à la Russie, et de voir crouler, au premier mouvement, ce pesant et informe édifice de despotisme militaire et de bureaucratie germanique. Pierre I a bien trouvé le moyen de sortir de l’ornière de l’antique Russie; mais il n’a pas indiqué à ses successeurs le chemin pour sortir de la ténébreuse période de Pétersbourg.

Le passé lie et contraint le gouvernement russe. Le passé, lui, est toujours présent, vivant dans son sang et sa cervelle. Le passé

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