alliez guetter ma femme dans tous les coins pour lui parler de votre fils et lorsque, malade de vérole, il était retenu chez lui par les remèdes, vous disiez, infâme que vous êtes, qu’il se mourait d’amour pour elle; vous lui marmottiez: rendez-moi mon fils. Ce n’est pas tout.
Vous voyez que j’en sais long: mais attendez, ce n’est pas tout: je vous disais bien que l’affaire se compliquait. Revenons aux lettres anonymes. Vous vous doutez bien qu’elles vous intéressent.
Le 2 de novembre vous eûtes de monsieur votre fils une nouvelle qui vous fit beaucoup de plaisir. Il vous dit que je suis irrité, que ma femme craignait… qu’elle perdait la tête. Vous résolûtes frapper un coup que l’on croyait décisif. Une lettre anonyme fut composée par vous.
Je reçus trois exemplaires de la dizaine que l’on avait distribuée. Cette lettre avait été fabriquée avec si peu de précaution qu’au premier coup d’oeil je fus sur les trâces de l’auteur. Je ne m’en inquiétais plus, j’étais sûr de trouver mon drôle. Effectivement, avant trois jours de recherches, je savais positivement à quoi m’en tenir.
Si la diplomatie n’est que l’art de savoir ce qui se fait chez les autres et de se jouer de leurs projets, vous me rendrez la justice d’avouer que vous avez été vaincu sur tous les points.
Maintenant j’arrive au but de ma lettre: punt-être désirez vous savoir ce qui m’a empêché jusqu’à présent de vous déshonorer aux yeux de notre cour et de la vôtre. Je m’en vais vous le dire.
Je suis, vous le voyez, bon, ingénu, maismon coeur est sensible. Un duel ne me suffit plus, et quelle que soit son issue, je ne me jugerai pas assez vengé ni par la mort de M-r votre fils, ni par son mariage qui aurait l’air d’une bonne plaisanterie (ce qui, d’ailleurs, m’embarrasse fort peu), ni enfin par la lettre que j’ai I’honneur de vous écrire et dont je garde la copie pour mon usage particulier. Je veux que vous vous donniez la peine de trouver vous même les raisons qui seraient suffisantes pour m’engager à ne pas vous chacher à la figure et pour anéantir jusqu’à la trace cette misérable affaire, dont il me sera facile de faire un excellent chapitre dans mon histoire du cocuage.
J’ai l’honneur d’être, Monsieur le Baron,
Votre très humble et très obéissant serviteur
A. Pouchkine. {165}
747. А. Х. БЕНКЕНДОРФУ
21 ноября 1836 г.
В Петербурге.
Monsieur le comte!
Je suis en droit et je me crois obligé de faire part à Votre Excellence de ce qui vient de se passer dans ma famille. Le matin de 4 novembre, je reçus trois exemplaires d’une lettre anonyme, outrageuse pour mon honneur et celui de ma femme. A la vue du papier, au style de la lettre, à la manière dont elle était rédigée, je reconnus dès le premier moment qu’elle était d’un étranger, d’un homme de la haute société, d’un diplomate. J’allai aux recherches. J’appris que sept ou huit personnes avaient reçu le même jour un exemplaire de la même lettre, cachetée et adressée à mon adresse sous double enveloppe. La plupart des personnes qui les avaient reçues, soupçonnant une infamie, ne me les envoyèrent pas.
On fut, en général, indigné d’une injure aussi lâche et aussi gratuite; mais tout en répétant que la conduite de ma femme était irréprochable, on disait que le prétexte de cette infamie était la cour assidue que lui faisait M-r Dantès.
Il ne me convenait pas de voir le nom de ma femme accollé, en cette occasion, avec le nom de qui que ce soit. Je le fis dire à M-r Dantès. Le baron de Heckern vint chez moi et accepta un duel pour M-r Dantès, en me demandant un délai de 15 jours.
Il se trouve, que dans l’intervalle accordé, M-r Dantès devint amoureux de ma belle soeur M-elle Gontcharoff, et qu’il la demanda en mariage. Le bruit public m’en ayant instruit, je fis demander à M-r d’Archiac (second de M-r Dantès) que ma provocation fut regardée comme non avenue. En attendant je m’assurai que la lettre anonyme était de M-r Heckern, ce dont je crois de mon devoir d’avertir le gouvernement et la société.
Etant seul juge et gardien de mon honneur et de celui de ma femme, et par conséquant ne demandant ni justice, ni vengeance, je ne peux ni ne veux livrer à qui que ce soit les preuves de ce que j’avance.
En tout cas, j’espère, M-r le comte, que cette lettre est une preuve du respect et de la confiance que je porte à votre personne.
C’est avec ces sentiments que j’ai l’honneur d’être,
Monsieur le comte,
Votre très humble et très obéissant serviteur
A. Pouchkine.
21 Novembre 1836. {166}
748. Е. Ф. КАНКРИНУ
Около (после) 21 ноября 1836 г.
В Петербурге.
(Черновое)
Ответ, коим Ваше сиятельство изволили меня удостоить, имел я счастие получить. Крайне сожалею, что способ, который осмелился я предложить, оказался неудобным. Во всяком случае почитаю долгом во всем окончательно положиться на благоусмотрение Вашего сиятельства.
Принося Вашему сиятельству искреннюю мою благодарность за внимание, коего изволили меня удостоить, с глубочайшим…
749. В. Ф. ОДОЕВСКОМУ
Конец ноября — начало декабря 1836 г.
В Петербурге.
Вигель мне сказывал, что он Вам доставил критику статьи Булгарина. Если она у Вас, пришлите мне ее. Получили ли Вы 4 № «Современника» и довольны ли Вы им?
750. В. Ф. ОДОЕВСКОМУ
7 декабря 1836 г. (?)
В Петербурге.
Очень Вам благодарен — я вечно дома, а перед Вами кругом виноват — да чёрт знает как я изленился.
7 дек.
751. А. Г. БАРАНТУ
16 декабря 1836 г.
В Петербурге.
Monsieur le Baron,
Je m’empresse de faire parvenir à Votre Excellence les renseignements que vous avez désiré avoir touchant les règlements qui traitent de la propriété littéraire en Russie.
La littérature n’est devenue chez nous une branche considérable d’industrie que depuis une vingtaine d’années environ. Jusque là elle n’était regardée que comme une occupation élégante et aristocratique. M-me de Staël disait en 1811: en Russie quelques gentilshommes se sont occupés de littérature (10 ans d’Exil). Personne ne songeant à retirer d’autre fruit de ses ouvrages que des triomphes de société, les auteurs encourageaient eux-mêmes la contrefaçon et en tiraient vanité, tandis que nos académies donnaient l’exemple du délit en toute conscience et sécurité. La première plainte en contrefaçon a été portée en 1824. Il se trouva que le cas n’avait pas été prévu par le législateur. La propriété littéraire a été reconnue en Russie par le souverain actuel. Voici les propres termes de la loi:
Tout auteur ou traducteur d’un livre a le droit de l’éditor et de le vendre comme propriété acquise (non héréditaire).
Ses héritiers légitimes ont le droit d’éditer et de vendre ses ouvrages (dans le cas que la propriété n’en soit pas alliénée) pendant l’espace de 25 ans.
25 ans passés, à dater du jour de sa mort, ses oeuvres et traductions deviennent la propriété du public. Loi du 22 avril 1828.
L’amendement du 28 avril de la même année explique et complète ces règlements. En voici les principaux articles.
Une oeuvre littéraire soit imprimée, soit manuscrite ne saurait être vendue ni du vivant de l’auteur ni après sa mort pour satisfaire ses créanciers, à moins qu’il ne l’ait exigé lui-même.
L’auteur a le droit, nonobstant tout engagement antérieur, de faire une nouvelle édition de son ouvrage si les deux tiers on sont changés ou bien entièrement refondus.
Sera regardé comme contre-facteur l) celui qui en réimprimant un livre n’aurait pas observé les formalités voulues par la loi, 2) celui qui vendrait un manuscrit ou le droit de l’imprimer à deux ou plusieurs personnes à la fois, sans en avoir eu le consentement, 3) celui qui publierait la traduction d’un ouvrage imprimé en Russie (ou bien avec l’approbation de la censure russe) en y joignant le texte même, 4) qui réimprimerait dans l’étranger un ouvrage publié en Russie, ou bien avec l’approbation de la censure russe, et en vendrait les exemplaires en Russie.
Ces règlements sont loin de résoudre toutes les questions qui pourront se présenter à l’avenir. La loi ne stipule rien sur les oeuvres posthumes. Les héritiers légitimes devraient en avoir la propriété entière avec tous les privilèges de l’auteur lui-même. L’auteur d’un ouvrage pseudonime ou bien attribué à un écrivain connu, perd-il son droit de propriété et quelle est la règle à suivre en cette occasion? la loi n’en dit rien.
La contrefaçon des livres étrangers n’est pas défendue et ne saurait l’être. Les libraires russes auront toujours beaucoup à gagner, en réimprimant les livres étrangers, dont le débit leur sera toujours assuré, même sans exportation; au lieu que l’étranger ne saurait réimprimer des ouvrages russes faute de lecteurs.
La prescription pour le délit de contrefaçon est fixé à deux ans.
La question de la propriété littéraire est très simplifiée en Russie où personne ne peut présenter son manuscrit à la censure sans en nommer l’auteur et sans le mettre par cela même sous la protection immédiate du gouvernement.
Je suis avec respect,
Monsieur le Baron,
de Votre Excellence
le très humble et très obéissant serviteur
Alexandre Pouchkine.
16 décembre 1836.
St P.b. {167}
752. Н. М. КОНШИНУ
21 — 22 декабря 1836 г.
Из Петербурга в Царское Село.
Письмо Ваше очень обрадовало меня, любезный и почтенный Николай Иванович, [429] как знак, что Вы не забыли еще меня. Докладную записку сегодня же пущу в дело. Жуковского увижу и сдам ему Вас с рук на руки. С Уваровым — увы! я не в таких дружеских сношениях; но Жуковский, надеюсь, всё уладит. Заняв место Лажечникова, не займетесь ли Вы, по примеру Вашего предшественника, и романами? а куда бы хорошо! Всё-таки Вы меня забыли, хоть наконец и вспомнили. И я позволяю себе дружески Вам за то попенять.
Не будете ли Вы в Петербурге? В таком случае надеюсь, что я Вас увижу. Ответ постараюсь доставить Вам как можно скорее.
753. П. А. ОСИПОВОЙ
24 декабря 1836 г.
Из Петербурга в Тригорское.
24 déc.
Vous ne saurez croire, ma bien chère Прасковья Александровна,