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А.С. Пушкин. Полное собрание сочинений в 10 томах. Том 3

put dérober. Le moine, qui l’avait rebaptisé, l’accompagna dans sa fuite, que peutêtre il avait conseillée.

De Livno à Scign en Dalmatie il n’y a qu’une douzaine de lieuers. Les fugitifs s’y trouvèrent bientôt sous la protection du gouvernement vénitien et à l’abri des poursuites de l’ayan. Ce fut dans cette ville que Maglanovich fit sa première chanson: il célébra sa fuite dans une ballade, qui trouva quelques admirateurs et qui commença sa réputation [18].

Mais il était sans ressources d’ailleurs pour subsister, et la nature lui avait donné peu de goût pour le travail. Grâce à l’hospitalité morlaque, il vécut quelque temps de la charité des habitants des campagnes, payant son écot en chantant sur la guzla quelque vieille romance qu’il savait, par coeur. Bientôt il en composa lui-même pour des mariages et des enterrements, et sut si bien se rendre nécessaire, qu’il n’y avait pas de bonne fête si Maglanovich et sa guzla n’en étaient pas.

Il vivait ainsi dans les environs de Scign, se souciant fort peu de ses parents, dont il ignore encore le destin, car il n’a jamais été à Zuonigrad depuis son enlèvement.

A vingt-cinq ans c’était un beau jeune homme, fort, adroit, bon chasseur et de plus poète et musicien célèbre; il était bien vu de tout le monde, et surtout des jeunes filles. Celle qu’il préférait se nommait Marie et était fille d’un riche morlaque, nommé Zlarinovich. Il gagna facilement son affection et, suivant la coutume, il l’enléva. Il avait pour rival une espèce de seigneur du pays, nommé Uglian, lequel eut connaissance de l’enlèvement projeté. Dans les moeurs illyriennes l’amant dédaigné se console facilement et n’en fait pas plus mauvaise mine à son rival heureux; mais cet Uglian s’avisa d’être jaloux et voulut mettre obstacle au bonheur de Maglanovich. La nuit de l’enlèvement, il parut accompagné de deux de ses domestiques, au moment où Marie était déjà montée sur un cheval et prête à suivre son amant. Uglian leur cria de s’arrêter d’une voix menaçante. Les deux rivaux étaient armés suivant l’usage. Maglanovich tira le premier et tua le seigneur Uglian. S’il avait eu une famille, elle aurait épousé sa querelle, et il n’aurait pas quitté le pays pour si peu de chose; mais il était sans parents pour l’aider, et il restait seul exposé à la vengeance de toute la famille du mort. Il prit son parti promptement et s’enfuit avec sa femme dans les montagnes, où il s’associa avec des heyduques [19].

Il vécut longtemps avec eux, et même il fut blessé au visage dans une escarmouche avec les pandours [20]. Enfin, ayant gagné quelque argent d’une manière assez peu honnête, je crois, il quitta les montagnes, acheta des bestiaux et vint s’établir dans le Kotar avec sa femme et quelques enfants. Sa maison est près de Smocovich, sur le bord d’une petite rivière ou d’un torrent, qui se jette dans le lac de Vrana. Sa femme et ses enfants s’occupent de leurs vaches et de leur petite ferme; mais lui est toujours en voyage; souvent il va voir ses 293 anciens amis les heyduques, sans toutefois prendre part à leur dangereux métier.

Je l’ai vu à Zara pour la première fois en 1816. Je parlais alors très facilement l’illyrique, et je désirais beaucoup entendre un poète en réputation. Mon ami, l’estimable voivode Nicolas ***, avait rencontré à Biograd, où il demeure, Hyacinthe Maglanovich, qu’il connaissait déjà, et sachant qu’il allait à Zara, il lui donna une lettre pour moi. Il me disait que, si je voulais tirer quelque chose du joueur de guzla, il fallait le faire boire; car il ne se sentait inspiré que lorsqu’il était à peu près ivre.

Hyacinthe avait alors près de soixante ans. C’est un grand homme, vert et robuste pour son âge, les épaules larges et le cou remarquablement gros; sa figure est prodigieusement basanée; ses yeux sont petits et un peu relevés du coin; son nez aquilin, assez enflammé par l’usage des liqueurs fortes, sa longue moustache blanche et ses gros sourcils noirs forment un ensemble que l’on oublie difficilement quand on l’a vu une fois. Ajoutez à cela une longue cicatrice qu’il porte sur le sourcil et sur une partie de la joue. Il est très extraordinaire qu’il n’ait pas perdu l’oeil en recevant cette blessure. Sa tête était rasée, suivant l’usage presque général, et il portait un bonnet d’agneau noir: ses vêtements étaient assez vieux, mais encore très propres.

En entrant dans ma chambre, il me donna la lettre du voivode et s’assit sans cérémonie. Quand j’eus fini de lire: vous parlez donc l’illyrique, me dit-il d’un air de doute assez méprisant. Je lui répondis sur-le-champ dans cette langue que je l’entendais assez bien pour pouvoir apprécier ses chansons, qui m’avaient été extrèmement vantées. Bien, bien, dit-il: mais j’ai faim et soif: je chanterai quand je serai rassasié. Nous dinâmes ensemble. Il me semblait qu’il avait jeûné quatre jours au moins, tant il mangeait avec avidité. Suivant l’avis du voivode, j’eus soin de le faire boire, et mes amis, qui étaient venus nous tenir compagnie sur le bruil de son arrivée, remplissaient son verre à chaque instant. Nous espérions que quand cette faim et cette soif si extraordinaires seraient apaisées, notre homme voudrait bien nous faire entendre quelques-uns de ses chants. Mais notre attente fut bien trompée. Tout d’un coup il se leva de table et se laissant tomber sur un tapis près du feu (nous étions en décembre), il s’endormit en moins de cinq minutes, sans qu’il y eût moyen de le réveiller.

Je fus plus heureux, une autre fois: j’eus soin de le faire boire seulement assez pour l’animer, et alors il nous chanta plusieurs des ballades que l’on trouvera dans ce recueil.

Sa voix a dû être fort belle; mais alors elle était un peu cassée. Quand il chantait sur sa guzia, ses yeux s’animaient et sa figure prenait 294 une expression de beauté sauvage, qu’un peintre aimerait à exprimer sur la toile.

Il me quitta d’une façon étrange: il demeurait depuis cinq jours chez moi, quand un matin il sortit, et je l’attendis inutilement jusqu’au soir. J’appris qu’il avait quitté Zara pour retourner chez lui; mais en même temps je m’aperçus qu’il me manquait une paire de pistolets anglais qui, avant son départ précipité, étaient pendus dans ma chambre. Je dois dire à sa louange qu’il aurait pu emporter également ma bourse et une montre d’or qui valaient dix fois plus que les pistolets, qu’il m’avait pris.

En 1817 je passai deux jours dans sa maison, où il me reçut avec toutes les marques de la joie la plus vive. Sa femme et tous ses enfants et petits-enfants me sautèrent au cou et quand je le quittai, son fils aîné me servit de guide dans les montagnes pendant plusieurs jours, sans qu’il me fût possible de lui faire accepter quelque récompense. {2}

19 Вурдалаки, вудкодлаки, упыри — мертвецы, выходящие из своих могил и сосущие кровь живых людей.

20 Лекарством от укушения упыря служит земля, взятая из его могилы.

21 По другому преданию, Георгий сказал товарищам; «Старик мой умер; возьмите его с дороги».

22 Прекрасная эта поэма взята мною из Собрания сербских песен Вука Стефановича.

23 Песня о Яныше королевиче в подлиннике очень длинна и разделяется на несколько частей. Я перевел только первую, и то не всю.

1835

(Из Анакреона)

Отрывок

Узнают коней ретивых

По их выжженным таврам;

Узнают парфян кичливых

По высоким клобукам;

Я любовников счастливых

Узнаю по их глазам:

В них сияет пламень томный

Наслаждений знак нескромный.

Ода LVI

(Из Анакреона)

Поредели, побелели

Кудри, честь главы моей,

Зубы в деснах ослабели,

И потух огонь очей.

Сладкой жизни мне не много

Провожать осталось дней:

Парка счет ведет им строго,

Тартар тени ждет моей.

Не воскреснем из-под спуда,

Всяк навеки там забыт:

Вход туда для всех открыт —

Нет исхода уж оттуда.

Ода LVII

Что же сухо в чаше дно?

Наливай мне, мальчик резвый,

Только пьяное вино

Раствори водою трезвой.

Мы не скифы, не люблю,

Други, пьянствовать бесчинно:

Нет, за чашей я пою

Иль беседую невинно.

«Юношу, горько рыдая, ревнивая дева бранила…»

Юношу, горько рыдая, ревнивая дева бранила;

К ней на плечо преклонен, юноша вдруг задремал.

Дева тотчас умолкла, сон его легкий лелея,

И улыбалась ему, тихие слезы лия.

Полководец

У русского царя в чертогах есть палата

Она не золотом, не бархатом богата;

Не в ней алмаз венца хранится за стеклом;

Но сверху донизу, во всю длину, кругом,

Своею кистию свободной и широкой

Ее разрисовал художник быстроокой.

Тут нет ни сельских нимф, ни девственных мадонн,

Ни фавнов с чашами, ни полногрудых жен.

Ни плясок, ни охот,— а всё плащи, да шпаги,

Да лица, полные воинственной отваги.

Толпою тесною художник поместил

Сюда начальников народных наших сил,

Покрытых славою чудесного похода

И вечной памятью двенадцатого года

Нередко медленно меж ими я брожу

И на знакомые их образы гляжу,

И, мнится, слышу их воинственные клики.

Из них уж многих нет; другие, коих лики

Еще так молоды на ярком полотне,

Уже состарились и никнут в тишине

Главою лавровой …

Но в сей толпе суровой

Один меня влечет всех больше. С думой новой

Всегда остановлюсь пред ним — и не свожу

С него моих очей. Чем долее гляжу,

Тем более томим я грустию тяжелой.

Он писан во весь рост. Чело, как череп голый,

Высоко лоснится, и, мнится, залегла

Там грусть великая. Кругом — густая мгла;

За ним — военный стан. Спокойный и угрюмый,

Он, кажется, глядит с презрительною думой.

Свою ли точно мысль художник обнажил,

Когда он таковым его изобразил,

Или невольное то было вдохновенье,—

Но Доу дал ему такое выраженье.

О вождь несчастливый!.. Суров был жребий твой:

Всё в жертву ты принес земле тебе чужой.

Непроницаемый для взгляда черни дикой,

В молчанье шел один ты с мыслию великой,

И, в имени твоем звук чуждый не взлюбя,

Своими криками преследуя тебя,

Народ, таинственно спасаемый тобою,

Ругался над твоей священной сединою.

И тот, чей острый ум тебя и постигал,

В угоду им тебя лукаво порицал…

И долго, укреплен могущим убежденьем,

Ты был неколебим пред общим заблужденьем;

И на полупути был должен наконец

Безмолвно уступить и лавровый венец,

И власть, и замысел, обдуманный глубоко,—

И в полковых рядах сокрыться одиноко.

Там, устарелый вождь, как ратник молодой,

Свинца веселый свист заслышавший впервой,

Бросался ты в огонь, ища желанной смерти,—

Вотще!

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