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Полное собрание сочинений и писем в шести томах. Том 4. Письма 1820-1849

служить, я не мог исполнить его желание, так как на другой же день по его отъезде получил бумаги, кои принужден был переслать в департамент. Таким образом, его инкогнито в Карлсбаде находится под серьезной угрозой.

Мюнхен опустел. В прошлом месяце я ездил курьером в Вену, где провел недели две. Моя жена еще не вернулась*. Ожидаю ее в течение этой недели. В Мюнхене видишь либо беременных, либо только что разрешившихся женщин. В числе первых прекрасная госпожа Анна*, которая обосновалась в доме Майо в Английском саду. Сейчас это единственное обитаемое место Мюнхена… Скоро и оно станет недоступным… Принц Карл уже принялся молиться*, а Вебер почти закончил приданое для новорожденного… Не пишу вам про свадьбу Бургуэна с мадемуазель Идой*, так же как про покушение Алибо*. Подобные нелепости всегда узнаются мгновенно… Почти все верхи дипломатического корпуса разъехались, здесь двигаются лишь membra disjecta* животного. Это, однако, не мешает погоде вот уже две недели быть просто восхитительной. Госпожа де Сетто находится в Эглофсгейме вдвоем с нунцием, и уж конечно не я стану нарушать их уединение. Что касается… но довольно собственных имен.

Прощайте.

Ф. Тютчев

Гагарину И. С., 10/22 июля 1836*

31. И. С. ГАГАРИНУ 10/22 июля 1836 г. Мюнхен

Munich. Ce 22 juillet 1836

Mon cher Gagarine,

Il y a deux jours je vous ai écrit pour mon propre compte. Maintenant c’est pour celui de la Comtesse Jeannette P* qui vous prie de vous charger de l’incluse et de la faire parvenir en contrebande aux belles mains auxquelles elle est destinée. Tâchez de vous acquitter à votre honneur de ce petit acte de trahison. Il y a ces cas, après tout, où le but justifie les moyens, et comme dans le cas dont il s’agit c’est incontestablement Madame * qui est le but de la lettre, ce but-là pourrait justifier des énormités bien plus grandes encore… Je suppose que maintenant les moments sont moins rares où l’on peut parler à notre belle amie autrement qu’entre six yeux. Que j’aimerais à la revoir dans un de ces moments-là… Jeannette et moi, nous parlons souvent d’elle, mais tout cela est vague et ne me satisfait pas. Au fait ce n’est qu’avec elle-même que j’aime à parler d’elle, car, après moi, c’est encore elle-même qui se connaît le mieux… Dites-lui de ne pas m’oublier, mon individu s’entend, rien que mon individu, qu’elle oublie tout le reste… Dites-lui que si elle m’oubliait il lui arriverait malheur… Il lui viendrait une petite ride au front ou à la joue, ou une petite mèche de cheveux gris, car ce serait une apostasie envers les souvenirs de sa jeunesse… Mon Dieu, pourquoi en a-t-on fait une constellation…* elle était si bien sur cette terre.

Adieu, mon cher Gagarine. Je me sens d’humeur à vous écrire des volumes aujourd’hui, mais la nécessité sous la figure de Moritz*, que bien vous connaissez, est là, qui m’oblige de m’interrompre… Et je puis à bon droit dire de lui ce que Démosthène, je crois, disait de ce Grec dont j’ai oublié le nom: c’est la hache qui coupe mes paroles*. Adieu, ce sera pour une autre fois.

Tout à vous

T. Tutchef

Перевод

Мюнхен. 22 июля 1836

Любезный Гагарин,

Два дня тому назад я писал вам по собственному почину. Теперь пишу вам по поручению графини Жаннеты Паумгартен*, которая просит вас контрабандным путем доставить прилагаемое письмо в прелестные руки, коим оно предназначается. Постарайтесь с честью совершить это маленькое предательство. Ведь бывают же случаи, когда цель оправдывает средства, а так как в настоящем случае целью письма, бесспорно, является госпожа <Крюденер>*, то подобная цель может оправдать еще большие крайности… Полагаю, что теперь чаще выпадают минуты, когда с нашей прекрасной приятельницей можно беседовать не в присутствии третьего, а с глазу на глаз. Как я желал бы повидать ее в одну из таких минут… Мы с Жаннетой часто говорим о ней, но все это туманно и не удовлетворяет меня. На самом деле я только с ней люблю говорить про нее, так как после меня она сама лучше всех себя знает… Скажите ей, чтобы она меня не забывала, мою особу, разумеется, одну мою особу, все остальное она может забыть… Скажите ей, что, если она меня забудет, ее постигнет несчастие… Выступит морщинка на лбу или на щеке, или появится прядка седых волос, ибо это было бы предательством воспоминаний ее молодости… Боже мой, зачем ее превратили в созвездие…* она была так хороша на этой земле.

Простите, любезный Гагарин. Сегодня у меня достаточно вдохновения, чтобы написать вам тома, но необходимость в образе хорошо известного вам Морица* вынуждает меня прервать мои излияния… И я с полным основанием могу сказать про него то, что, кажется, Демосфен говорил про того грека, имя коего я позабыл: это топор, пресекающий мои слова*. Простите, напишу вам в другой раз.

Весь ваш

Ф. Тютчев

Тютчевым И. Н., Е. Л. и др., 31 декабря 1836/12 января 1837*

32. И. Н., Е. Л. ТЮТЧЕВЫМ и Д. И. СУШКОВОЙ 31 декабря 1836/12 января 1837 г. Мюнхен

Munich. Ce 31 décembre 1836/12 janvier <18>37

Cette lettre, chers papa et maman, vous sera portée par le g<énér>al Boudberg, envoyé ici par l’Empereur en mission spéciale* et qui repart aujourd’hui. Il nous est arrivé ici dans un mauvais moment et ne remportera que de tristes impressions de Munich. La maladie qui nous afflige depuis trois mois* a — il est vrai — considérablement baissée, mais par je ne sais quelle bizarrerie ses derniers choix sont touchés presque tous sur des personnes de la société. Il est certain que pour la plupart c’étaient des personnes âgées ou infirmes, mais pas moins des cas de mort aussi rapprochés et aussi soudains ne pouvaient manquer de produire une sensation pénible et ont étendu le deuil à la société toute entière. A cela est venu se joindre un deuil de cour*, si bien que nous avons du noir jusque par-dessus les oreilles. C’est au milieu de tout ce noir que nous avons commencé la nouvelle année catholique et que nous achevons la nôtre. C’est le cas plus que jamais de faire des vœux pour celle qui vient et je vous adresse les miens, du fond du coeur. Ma santé pas plus que celle de Nelly et des enfants* ne s’est autrement ressentie de la disposition générale, et le moral s’est maintenu tout aussi intact. En dépit de ses démonstrations multipliées, le choléra n’a pas réussi à faire la moindre impression sur nous. Voilà six ans que j’en ai les oreilles rabattues, et sa présence à Munich n’est pas parvenu à le rafraîchir à mes yeux. Mais je suis plus sensible à ses effets indirects. Munich qui n’est jamais rien divertissant est maintenant d’une tristesse et d’un ennui dont il serait difficile de se faire une idée. C’est comme un homme naturellement insipide et maussade qui aurait la migraine. On s’attendait à quelque fête pour l’arrivée du Roi Othon et de sa jeune femme. Mais le choléra les a empêchés de venir à Munich. Ils sont allés prendre congé de leurs parents au château de Tegernsee* à 18 lieues d’ici.

Vous savez mon histoire. J’avais demandé un congé pour aller passer cet hiver avec vous. Mais quand ce congé est arrivé, le Prince Gagarine m’a demandé avec instance de différer jusqu’au printemps pour en faire usage. Et certes, il m’eût été difficile de le laisser seul dans l’état où il est. Depuis trois mois il dépérit à vue d’œil. Il n’a pas bougé de sa chambre depuis l’entrée de l’hiver, et maintenant c’est à peine s’il quitte son lit. C’est un homme qui s’en va à grands pas. Je doute fort qu’il puisse traîner jusqu’au printemps. Sa femme qui est revenue ces jours-ci de Paris a été effrayée de l’état dans lequel elle l’a trouvé. Pauvre cher homme. Il me fait une peine réelle. Il meurt cassé, blasé et endetté. C’est expier durement quelque bon moment de sa vie. Vous comprenez que dans ces circonstances toute la besogne roule plus que jamais sur moi seul et si je pouvais encore prendre quelqu’intérêt aux affaires, je me félicitais assurément de la complaisance que j’ai eu de rester.

Voilà depuis six semaines le second courrier que nous expédions au Ministère et quelque nulle que puisse être la valeur de l’expédition, encore fallait-il quelqu’un pour s’en occuper. Ma destinée à cette mission est assez étrange. Il m’était réservé de survivre ici à tout le monde et de ne recueillir la succession de personne. Mais qu’importe? Je m’estimerais heureux, si c’était là mon plus gros souci… Je viens d’écrire à Krüdener*. Il connaît ma position à fond, et dans ces derniers temps il en a donné des preuves réelles de son amitié et de son zèle à me servir. Il est possible que dans l’occasion il fasse valoir mon droit auprès du Mr le Vice-Chancelier. Mais après tout que pourrait-il lui apprendre? Mr le Vice-Chancelier m’écrit des lettres charmantes et s’est plus d’une fois exprimé sur mon compte de la manière la plus aimable. Si donc il ne fait rien pour moi, il faut que cela vienne à d’autres raisons. Il s’imagine peut-être qu’une affection aussi sincère que celle qu’il me porte, n’a pas besoin de témoignages extérieurs*.

J’ai eu ces jours-ci une lettre de Nicolas*. Oui, une lettre autographe — une lettre de 4 pages. C’était la première depuis 8 mois. Vous pensez si elle m’a fait plaisir. Sa bonne vieille amitié s’y est retrouvée toute entière, cette bonne vieille affection qui sera la même dans mille ans — qui parle peu, il est vrai, mais qui n’en pense pas moins. Je lui pardonne bien volontiers des torts que je partage et dont j’ai fini par prendre mon parti, comme de mes hémorroïdes quelque gênant qu’ils puissent.

Vos dernières lettres, chère maman et chère Dorothée, m’ont fait aussi bien grand plaisir. J’en attends une de papa pour l’en remercier. Ce que vous me dites,

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служить, я не мог исполнить его желание, так как на другой же день по его отъезде получил бумаги, кои принужден был переслать в департамент. Таким образом, его инкогнито в Карлсбаде