Тетрадь четвертая. Марина Ивановна Цветаева
ПОСЛЕДНИЕ ВЫПИСКИ ИЗ ТЕТРАДЕЙ — ОСТАВЛЯЕМЫХ
Не об том сердце болит,
А об том сердце болит
(Частушка Переяславль-Залесского уезда)
* * *
Черновик письма к Вильдраку[1]
Cher Monsieur,
J’ai bien reçu Votre lettre et Votre livre, et si je ne Vous ai pas répondu plus tôt, c’est pour ne pas Vous faire de vacances littéraires. Mais puisque Vous voilà rentré…
Vous me demandez pourquoi je rime?
Je suis chrétien,
J’ai un petit chien
Qui mange du pain
Tous les matins
(Jacquot, fils de l’épicier d’en bas, 6 ans)
Si le dit auteur de ce quatrain avait dit: — Je suis baptisé, j’ai un petit chien auquel je donne à manger tous les jours — ça ne me dirait rien, ni à lui non plus, ni à personne: ça ne serait rien. Et voici que cela est.
Voici, Monsieur, pourquoi je rime.
* * *
Des vers non rimes sont (ou me font, à de rares exceptions près l’impression de) vers à écrire: l’intention y est — rien qu’elle.
Pour qu’une chose dure il faut qu’elle soit chanson, chanson étant elle-même son accompagnement musical, accomplie en elle-même, ne devant rien à personne.
(Pourquoi je rime? Comme si on rimait — pourquoi! Deman-dez le peuple — pourquoi il rime. L’enfant — pourquoi il rime. Et les deux — ce que c’est que rimer.)
* * *
…Voici, peut-être, un essai de réponse à Votre léger reproche sur <пропуск одного слова> du son au détriment du mot et du sens dans mes vers.
Cher ami, c’est toute ma vie que je l’entends, que je l’attends.Vous avez visé juste et, ne connaissant rien de moi, à prémière vue (ouïe!). Vous avez été plus <пропуск одного слова> que les autres, ayant mis en présence non seulement le son et le sens, mais (troisième puissance!) le son et le mot. Et voici que Votre reproche — au lieu de m’indigner — ou m’ennuyer — ou m’attrister — m’intéresse, comme matière à discussion où je pourrai moi-même en apprendre long. (J’écris pour comprendre — c’est tout ce que j’ai à dire sur mon métier.)
Cher Monsieur, ce n’est pas mon Gars, ce n’est pas moi-même, c’est ma cause, une cause que je défends. Ne confondez donc pas!
Si Vous m’indiquez tel ou tel endroit obscur — ou non réussi — ou mal-sonnant — je ne Vous en serai que reconnaissante — surtout en ma qualité d’étrangère. Je peux rimer mal — d’accord, mais que la rime soit en elle-même un mal — cela, je ne Vous l’accorderai jamais.
(Oh, surtout ne Vous fâchez pas! Si je m’emporte ainsi — ce que j’ai confiance —)
Votre livre. Savez-Vous qu’il me rappelle beaucoup Rilke, le Rilke des Cahiers. Votre livre — un coeur mis-à-nu, sans la defence de la forme, Votre livre — dit, non écrit et par conséquent senti, ouï, non lu. Je l’ai relu trois fois. Il y a aussi beaucoup de moi dans Votre livre (le cas de croire sur parole!) je me reconnais presqu’à chaque page, surtout dans Etre un Homme — et surtout dans:
Et si tu vas un jour chez ceux qui ont de l’or —
et surtout dans:
— Sans que leur voix se trouble ordonnant
qu’on les serve
— surtout dans ce serve, qui, ici, a le poids du substantif, que j’aurais mis, moi, en ithaliques, que j’ai lu, moi, en ithaliques.
(«Madame et servie», celle qui le dit et celle qui l’est n’y pensent pas, mais Vous — moi — poètes — ouïe prolongée — y pensons pour elles: — servie par mes deux mains — ses deux mains dorées diamantées et oisives — par ces deux miennes, etc. C’est bien cela?)
L’auberge, c’est tout à fait Rilke, Histoires du Bon Dieu, son dedans des choses. Si je dis Rilke — ça veut dire fraternité. Faire du R
Et ce qui me touche — je ne saurais même pas dire et ne voudrais même pas savoir pourquoi, c’est ce mot gentil, gentille, qui Vous revient si souvent, ce mot si humble si peu usité en vers.
…Voici un cavalier sans cheval!
Dans cette ligne Votre choix dans la vie — ou avant la vie — est fait.
A un cheval qui veut, a un bréviaire qui veut, mais être (cavalier, prêtre, <пропуск одного слова>) sans avoir — c’est l’orgueil ou le refus suprême.
Comme je le connais, ce cavalier sans cheval.
* * *
Au revoir, cher Monsieur, à Vous de vouloir me voir. Si je ne Vous avais pas envoyé de manuscrit je me sentirais envers Vous aussi libre que vis à vis de Votre livre: âme à âme (admirez ces trois a!) mais — Vous avoir prié de me lire — me gêne et c’est pour ça que je me tairai jusqu’à ce que Vous parliez.
MZ
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(Еще отрывок — м. б. первого письма)
…Ne Vous paraît-il pas et n’est-il pas étrange que je me sois adressée, moi, rimeur passionné, entre tous — à Vous, ennemi hautain de la rime? Et n’aurait-il pas été plus simple (?) d’amener mon Gars au camp ami (s’il en existe) des rimeurs.
D’abord et en tout: mon instinct cherche, trouve et crée toujours des obstacles, c’est-à-dire je les crée d’instinct: dans la vie comme dans les vers.
Ainsi — j’ai eu raison selon moi.
Secondement: il existe entre nous des liens familiaux: Russie, Pasternak et surtout par-dessus tout — R
Ainsi — j’ai eu encore une fois raison — selon lui.
Tout ceci pour Vous dire que je viendrai avec grand plaisir ce mardi à 4 h
* * *
P. S. Votre gentil petit quatrain sur la tante qui en balayant ses planches avait trouvé une orange — est plein de sens — et de soleil: dimanche: beau soleil! planches: parquet clair! orange: orange! — et la vieille tante coiffée en Marat dans sa baignoire — mais voici que je m’embarque — et que je Vous dégoûte.
P. P. S. Mon Jacquot ne connaît pas de cantiques puisque ses parents sont païens et qu’il va à la communale. C’est la rime (nécessité de rimer à chien) qui l’a chrétiénisé. On commence par dire, on finit par faire (être).
Ces deux P. S. — un peu pour rire: pour Vous faire sourire.
* * *
P. S. 3-me: Et ce dont par quoi j’aurais dû commencer: ce chien existe réellement: Zig, dévoreur d’ordures.
Я давно получила Ваше письмо и Вашу книгу,[2] и не ответила Вам раньше только потому, что не хотела устраивать Вам литературного отпуска. Но поскольку Вы уже вернулись…
Вы меня спрашиваете, почему я рифмую?
У меня на шее крест,
Когда утром я встаю,
Я ей хлебушка даю.
(Жако, сын бакалейщика под нами, 6 лет)
Если бы указанный автор данного стишка сказал: — Я крещен, у меня есть собачка, которую я каждый день кормлю, — это ничего не сказало бы ни мне, ни ему самому, вообще никому: этого бы просто не было. А так — есть.
Вот, сударь, почему я рифмую.
* * *
Нерифмованные стихи суть (или кажутся мне, за редкими исключениями) — стихи, подлежащие написанию: замысел — не более.
Чтобы вещь продлилась, ей надо быть песней, песня, будучи сама себе музыкальным аккомпанементом, целокупна, ничем никому не обязана.
(Почему я рифмую? Будто рифмуют почему-либо! Спросите народ — почему он рифмует. Ребенка — почему он рифмует. И обоих — что такое рифмовать.)
* * *
…Вот возможная попытка ответа на Ваш легкий упрек в <пропуск одного слова> звука (-ом?) в ущерб слову и смыслу в моих стихах.
Дорогой друг, всю свою жизнь я слышу этот упрек, просто жду его. Вы попали в точку, ничего не зная обо мне, с первого взгляда (слуха!). Вы оказались более <пропуск одного слова> других, сопоставив не только звук и смысл, но и (третью силу!) — звук и слово. И Ваш упрек — вместо того, чтобы возмутить меня — или раздосадовать — или огорчить — меня заинтересовал, как повод к диалогу, из которого я сама могла бы многое узнать. (Я пишу, чтобы понять — вот что я могу сказать о своем ремесле.)
Милостивый государь, я защищаю не своего «Мóлодца», не себя, а свое дело, само дело. Не путайте одно с другим!
Если Вы укажете мне то или иное темное — или неудачное — или не звучащее место — я Вам буду только благодарна, — тем более, что я иностранка. Я могу дурно рифмовать — согласна, но чтобы рифма сама по себе была злом — в этом я никогда не соглашусь с Вами.
(Только не сердитесь! А если я горячусь, то лишь от доверия —)
Ваша книга. Знаете, она мне очень напоминает Рильке; Рильке «Записок».[3] Ваша книга — обнаженное сердце, не защищенное формой; Ваша книга — сказана, не написана, и посему слушается, не читается. Я перечла ее трижды. В ней много и моего (поверьте на слово!), я узнаю себя почти на каждой странице, особенно в «Быть Человеком»[4] — и особенно в:
И если будешь с теми, кто владеет златом —
и особенно в:
— Бесстрастным голосом велеть им подавать
особенно в этом подавать, которое здесь в весе существительного, которое для меня выделено курсивом, которое я прочла — курсивом.
(«Кушать подано, мадам» — та, кто подает, и та, которой подано, об этом не думают, но Вы — я — поэты — продленный слух — думаем за них: подано моими двумя руками — ее двум рукам, раззолоченным, унизанным бриллиантами, праздным, вот этими двумя руками, и т. д. Так?)
«Постоялый двор»[5] — это просто Рильке «Историй Доброго Бога»,[6] его скрытая суть вещей. Когда я говорю Рильке — я имею в виду братство. Сделать как Рильке невозможно, надо родиться, надо быть Рильке. (Рильке не рождаются. 5 августа 1938