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Полное собрание сочинений. Том 20. Статьи из Колокола и другие произведения 1867-1869 годов

действовать в ущерб родине?., и в то время, когда французский «Колокол» навлекает на нас своим русским характером, своей пропагандой злобу предубежденных людей во Франции и вульгарную брань немецких борзописцев*.

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ETUDES HISTORIQUES SURJLES HEROS DE 1825 ET LEURS PREDECESSEURS D’APRES LEURS MEMOIRES

ЗАПИСКИ ДЕКАБРИСТОВ: И. Якушкина, князя Трубецкого, Лондон, 1862, Вольная русская типография. — Статьи «Полярной звезды»: о Рылееве, Бестужеве, Н. Муравьеве, «Император Александр I и В. Каразин»

MEMOIRES DES DECEMBRISTES: Mémoires de J. Yakouchkine, du prince S. Troubetzkoï, Londres, 1862, Imprimerie russe. —Mémoires et articles sur Ryléieff, Bestoujeff, N. Mouravioff, l’Empereur Alexandre 1er et V. Karazine, insérés dans l’Etoile Polaire, etc., etc.

Le mouvement politique non officiel et gouvernemental, ne date réellement, en Russie, que du règne d’Alexandre Ier, et principalement de 1812.

Les dernières années du règne de Catherine II, l’atmosphère de Saint-Pétersbourg était lourde et suffocante; c’était une atmosphère senile, invalide, dans laquelle on sentait partout la vieille femme dépravée, naguère encyclopédiste, maintenant terrifiée devant la Révolution française, et trahissant toutes ses convictions, comme elle trahissait tous ses amants. Autour du trône silence complet, oriental, çà et là il y avait des loges maçonniques, des martinistes; elle commençait déjà à les poursuivre. Çà et là quelques boutades libérales, même un livre entier, le célèbre Voyage de Pétersbourg à Moscou, par Radichtcheff, qu’ prêchait l’émancipation des paysans etl’horreur de l’absolutisme. Elle exila l’auteur en Sibérie. C’est tout; pas d’ensemble, pas de suite, de concentration de forces, d’organisation.

La grande folie de Paul Ier était la haine de la révolution et la crainte que ses principes ne pénétrassent dans son empire.

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L’intelligence s’arrêta durant son règne, la pensée était paralysée. Le complot tramé contre lui et sa mort ne prouvent pas ]e contraire. Ce complot n’avait aucune signification sérieuse ou générale. C’était une affaire personnelle ou de famille entre Paul et les amants de sa mère, destitués faute d’emploi et persécutés par rancune. C’était une affaire de conservation pour ces gens, qui tremblaient, jour et nuit sous la menace d’une kibitka de Damoclès, tout attelée pour Irkoutsk ou Nertchinsk.

Alexandre Ier enjamba le cadavre tout chaud encore de son père, et monta sur le trône plein de rêves et de bonnes intentions. Il avait dans une poche le projet de l’émancipation des paysans, et dans une autre le projet d’une organisation quasi- constitutionnelle de l’Etat. Il ne réalisa presque rien, il ne put presque rien réaliser.

Dès les premiers jours de son règne, le jeune empereur s’entoura de jeunes gens très distingués; le comte Strogonoff, le prince Adam Czartorisky, le comte Kotchoubey, Novossiltzoff, etc. L’autocrate conspire avec eux dans un cabinet du Palais d’Hiver! Il est très content qu’on donne dans les salons le nom du «Comité de salut public» à ses conciliabules, et ne s’aperçoit pas que, de tous les Saint-Just et Couthon de son comité, il n’y a que le comte Strogonoff qui le soutient dans la question de l’émancipation des paysans.

La police, la bureaucratie veillent autrement à la sûreté de l’empire; elles prennent les mesures nécessaires pour neutraliser l’ardeur révolutionnaire sous la couronne de Monomakh, et faire de manière que le jeu impérial reste dans le comité et ne perce pas. Il y a eu rarement une position plus tristement ridicule. Pendant des années, Alexandre ne le savait pas.

Un mur infranchissable s’élevait entre le palais et le peuple. La contrée était ensevelie dans un morne silence et dans des ténèbres obscures. En général, il n’y avait de lumière qu’aux plus hauts sommets.

Toute l’activité, tout le remue-ménage politique et réformateur partaient du Palais d’Hiver et n’allaient pas plus loin que quelques salons du grand monde. Les salons étaient aussi fermés que les loges maçonniques, plus encore; aucun mérite ne les

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ouvrait. —Pour y être admis, il fallait une naissance aristocratique, une grande richesse et un rang au moins de général pour le civil. Les officiers de la garde faisaient exception.

Non seulement le peuple des villages, peuple hors la loi, n’existait pas, mais tout le reste, à l’exception de la haute société. Ni les négociants qui roulaient des millions, ni les employés de l’Etat (sans naissance), qui en volaient autant. On les laissait vivre et s’engraisser, à condition de parler entre eux de leurs affaires, et cela à voix basse. Pénétrer dans les hauts parages sans être un parent éloigné, un étranger titré ou un militaire victorieux, était presque impossible.

Les exceptions sont les meilleures preuves.

La grande difficulté de la position de Spéransky était son origine: il était fils d’un prêtre. L’empereur Alexandre le prit comme secrétaire lorsqu’il alla à Erfurt, apprécia ses talents et en fit son ministre sans portefeuille. S’il avait été bâtard d’un grand seigneur, il aurait eu toutes les facilités pour réaliser ses réformes. Mais, fils d’un prêtre, secrétaire d’Etat et ami de l’empereur, cela crevait l’œil aux grands seigneurs, et non seulement aux vieillards arrogants et demi-sauvages du temps de Catherine II, mais à l’esprit fort du temps, au voltairien comte Rostoptchine, qui finit par le perdre en faisant une fausse dénonciation.

Il était plus facile pour le Palais d’Hiver de faire une trouée d’en haut pour laisser passer quelques idées révolutionnaires dans ce monde claquemuré et calfeutré — que de

faire une fente en bas. Aussi le premier noyau se fit à côté de l’empereur et dans les casernes de la garde impériale. Les premiers révolutionnaires appartenaient à la plus haute aristocratie. Il n’y a pourtant rien d’étrange en cela. C’était le seul milieu qui fût àl’abri de la police, qui possédât les lumières et les richesses.

Déjà vers la fin du règne de Catherine II, les grands seigneurs envoyaient leurs fils à Paris et à Londres, même dans quelques Universités d’Allemagne, comme à Gœttingue, pour terminer leur éducation; d’autres faisaient venir de la France des instituteurs, des gouverneurs. Dans ce nombre, il n’y avait pas seulement des émigrés (et ceux-là même étaient très utiles par leur inconséquence: catholiques-voltairiens et royalistes-frondeurs, ils n’éveillaient aucun soupçon et faisaient la propagande dans la

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gueule du lion), mais des hommes éminents et de grand mérite, des hommes historiques.

Au temps le plus beau de la Révolution, on voyait chez la célèbre Théroigne de Méricourt un de ses amis, l’austère, le grave, le grand Romme, «un des derniers Romains», d’après l’expression d’Edgar Quinet, un des sombres héros de prairial. Il ve¬nait chez elle avec un jeune élève, qu’il aimait avec tendresse. Ce jeune homme le suivait partout — dans les séances de la section que Romme présidait, et cela pendant les journées les plus orageuses.

Romme le regardait souvent avec une grande affection, et lui disait: «Cher ami, n’oublie jamais ce que tu vois ici: garde ton cœur, garde tes convictions, elles sont bonnes».

Or, cet élève, c’était le comte Strogonoff, si je ne me trompe, le seul membre du comité de salut impérial qui soutenait l’empereur dans son projet de l’émancipation des paysans.

Avec tout cela, l’empereur et son entourage, ayant une puissance sans bornes lorsqu’ils voulaient faire le mal, étaient complètement impuissants pour faire quelque chose de réellement bon. L’orage qui allait réveiller le géant en léthargie se préparait. La nouvelle Russie date de 1812.

Avant de passer aux mémoires des hommes héroïques qui firent la grande conspiration de 1825, nous nous arrêterons sur la ligure caractéristique de V. Karazinexxxiii[33].

CHAPITRE I

L’EMPJEREUR ALEXANDRE Ier

ET V. N. KARAZINE

Don Carlos

Pendant les premières années du règne d’Alexandre Ier, c’est-à-dire à l’époque où il se souvenait encore des leçons de Laharpe et n’avait pas encore oublié la leçon donnée à Paris aux

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monarques en général, et dans le palais Michelxxxiv[34] aux autocrates russes en particulier, — il y avait chez l’empereur Alexandre Ier une soirée littéraire.

Cette fois, la lecture se prolongea plus que de coutume; on lisait une nouvelle tragédie de Schiller.

Le lecteur s’arrêta à la fin de la pièce.

L’empereur resta silencieux, les yeux baissés. Peut-être pensait-il à sa propre destinée, qui avait frisé de si près la destinée de Don Carlos; peut-être pensait-il à la destinée de son Philippe? Quelques minutes s’écoulèrent dans un silence complet que rompit le premier le prince Alexandre Galitzine. — Penchant sa tête à l’oreille du comte Victor Kotchoubey, il lui dit à demi-voix, mais assez haut pour être entendu de tous:

— Nous avons notre marquis Poza à nous!

Kotchoubey lui fit en souriant un signe de tête. Tous les regards se portèrent sur un homme de trente ans assis à quelques pas de là.

L’empereur tressaillit, examina les personnes qui l’entouraient, arrêta son regard méfiant et scrutateur sur l’homme qui» était devenu l’objet de l’attention générale, fronça les sourcils, prit congé de ses hôtes et sortit.

Le prince Galitzine se prit à sourire; le futur ministre de l’instruction publique et des cultes, inquisiteur et franc-maçon, protecteur de Magnitzkyxxxv[35] et de Rounitch, chef de la Société biblique et du département des postes, ami de l’empereur Alexandre, qui le sacrifia sans pitié à Araktchéieff; ami de l’empereur Nicolas, qui ne lui confia jamais aucune affaire sérieuse, — le prince était content. Connaissant le caractère soupçonneux d’Alexandre, il était bien sûr que la parole qu’il venait de prononcer germerait — et il ne se trompait pas. Pourquoi cherchait-il à nuire à cet homme? Il ne le savait pas lui-même: c’était dans sa nature de courtisan; en tout cas, il était toujours bon d’éloigner un homme superflu.

Assurément, parmi toutes les personnes qui assistaient ce soir-là à la lecture, il n’y en avait que deux qui voulussent alors

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sincèrement et ardemment le bien de la Russie: l’empereur et garazine, celui qu’on avait appelé le marquis Poza.

Ces deux hommes — l’un, couronné dans la cathédrale de l’Assomption par lemétropolitain Platon; vainqueur de Napoléon,mais vaincu lui-même par sa propre gloire et par une autocratie sans issue comme sans

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действовать в ущерб родине?., и в то время, когда французский «Колокол» навлекает на нас своим русским характером, своей пропагандой злобу предубежденных людей во Франции и вульгарную брань немецких борзописцев*. Нет,