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Полное собрание сочинений. Том 20. Статьи из Колокола и другие произведения 1867-1869 годов

greffée sur un sol vigoureux mais inculte, et qui ne la demandait pas; de la soudure des formes européennes avec l’absolutisme oriental, corrigé et systématisé par le despotisme occidental.

Ce n’est que dans ces dernières années que nous avons vu toute la monstruosité qui s’incubait depuis Pierre Ier, et toute la profondeur de la dépravation. Il a suffi d’un tout petit peu de liberté, d’un petit vent coulis d’indépendance qui avait pénétré à travers les murs lézardés par la guerre de Crimée — pour déchaîner et mettre en évidence, à côté d’une grande force de pensée, d’un entrain énergique, toute la portée de corruption qui atteint la couche supérieure de la Russie.

On pourrait désespérer de cet autre malade, qui transforme tout aliment en poison, dont le patriotisme est une faim d’ogre, et l’amour de sa nationalité — un désir sauvage d’opprimer toutes les autres nationalités — si, en bas, il n’y avait pas un peuple avec sa commune et son droit à la terre non gangrené; s’il n’y avait pas des semences enfouies dans cette terre, au-dessus de laquelle se décomposent les détritus qui leur servent d’engrais.

Ces tristes considérations nous sont venues en tête à propos d’une nouvelle

recrudescence de la moucharderie des journaux russes. Subventionnés et non

subventionnés, recevant leurs inspirations du grand-duc effacé, ou du Bedlam de l’orthodoxie russe, panslavistes ou esclavagistes — les journaux dénoncent toujours, la délation est devenue leur chassepot, leur aiguille… Si le gouvernement avait un peu de sens commun et un grain de courage, il aurait envoyé promener tous les Chouvaloff, Timachoff, Potapoff et autres Vidocq en off — toute leur besogne est faite par les journaux à un prix vil, voire même gratis.

Le sentiment de dégoût, d’indignation qu’on subit — étant Russe non atteint de la poliçomanie — en lisant les premières préfectures de nos journaux, est indicible.

La situation a complètement changé depuis 1862, la manie des délations reste. Katkoff lui-même, comme une mère heureuse entourée de sa famille de petits dénonciateurs qui grouillent autour d’elle, se retire sous l’ombrage touffu des feuilles de la Gazette de Moscou — dirigeant en gros la battue contre le nihilisme, le polonisme, le séparatisme et laissant à ses moutards le détail, le cancan.

…Sur les cendres célèbres des baraques de friperies qui brûlèrent à Pétersbourg en 1862, s’élèvent des boutiques splendides — les journaux indépendants n’existent plus — les Polonais sont abolis — les nihilistes dispersés — il semblerait que la rage des

dénonciateurs pût s’émousser, s’assouvir; pas du tout, la moucharderie littéraire

augmente.

Je prends deux exemples sur mille.

Deux savants Allemands, Treitchke et Eckardt, sont de bons Allemands et veulent rester Allemands — le besoin de se russifier ne se faisant pas sentir dans leurs cœurs endurcis par le teutonisme. Ils commencent, au sujet des provinces baltiques, une discussion d’Allemands. L’un prétend que la germanisation de ces provinces est suffisante, mais non efficace; l’autre, qu’elle est très efficace outre qu’elle est très suffisante. Cela provoque la vigilance du. Golos. Il ne cherche pas longtemps le terrain savant pour entamer Eckardt. Il trouve que le savant est un sujet russe, et comme tel, — privé du droit d’énoncer ses opinions, si ces opinions ne sont pas d’accord avec le commissaire de

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police, le pope, etc. Que les Allemands étant sujets russes, peuvent, sans commettre un.crime, avoir l’Allemagne pour objet d’amour cela semble tout naturel; s’ils préfèrent l’Allemagne d’aujourd’hui à la Russie actuelle, cela prouve qu’ils ne sont pas bêtes — la Russie, comme la «Zukunftmusik», est bonne pour l’avenir… Et s’ils restent tranquilles dans leur Revel et Riga — tout est en règle pour vous, pour nous, pour la loi, mais non pour les Javert du Golos. Gomment, demande le journal du réveil national, est-ce que l’Allemand Eckardt n’a pas prêté serment à l’empereur? Et s’ill’a prêté, il doit aimer le tzar et non l’Allemagne; il doit préférer la Russie à tous les pays. S’il ne le fait pas, il est parjure, il est traître… Et l’honnête publiciste va jusqu’à demander si le gouvernement va sévir ou non!.. Horrible! dégoûtant!

…Le second exemple, nous le prenons dans un journal qu’on prétend être indépendant — dans un journal persécuté, suspendu je ne sais combien de fois — dans un journal du panslavisme démocratique et purement moscovite: c’est-à-dire d’un panslavisme si ardent, qu’à force d’aimer les Slaves de toute espèce il voudrait les unir, les embrasser, les assimiler, comme on s’assimile une côtelette en l’avalant.

Voyons l’organe démocratique.

Dans une petite ville, près de Moscou, quelques Allemands qui y demeuraient ayant peu de distractions et grand besoin d’écouter le radotage d’un pasteur, firent venir de Moscou un prédicateur. Il se trouva qu’il n’y avait pas de place dans les modestes habitations de ces braves gens. Ils demandèrent à la police la permission d’écouter le sermon allemand sur une place publique. La police sachant qu’il était impossible de s’attendre à une offense aux moeurs, donna, comme de raison, la permission et fit son devoir en entourant de sa surveillance leur prière. Tout se termina paisiblement — le pasteur raconta à sa petite «Gemeinde» les dernières nouvelles du Dieu protestant, communiqua les moyens récents et sûrs d’obtenir le salut éternel. Personne ne s’est plaint; les hommes s’en allèrent tranquillement à la maison, leur femme et leur bible sous le bras, et se couchèrent à neuf heures, rêvant des anges allemands de Klopstock et des diables anglais de Milton.

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Mais pendant que ces hérétiques dormaient du sommeil des justes, un Tchèque de la Bohême catholique ne dormait pas. Au jieu d’aller à Constance fêter la fête du grand hérétique slave, martyr de l’intolérance romaine, il se promenait dans la même petite ville de la sainte Russie ou se perpétra cet acte odieux de tolérance. Le Tchèque, outré de cette profanation du marché, de cette licence indulgente, se demande si, à Vienne, un pope pourrait officier sur une place publiquecix[109] et répond: non!

Sur cela, notre Bohême se met à écrire une diatribe contre la tolérance et l’envoie à la feuille suspectée, pendant quelques années, d’aimer la lutte franche et libre, la discussion indépendante. Et la feuille insère ces élucubrations tchèques…

Allez maintenant, après ce bruit fait, après avoir éveillé l’attention des ministres et des prêtres, allez demander à un pauvre commissaire de police de petite ville la permission d’entendre publiquement un prêtre non huilé à l’huile gréco-russe!..

Les commissaires de police dépassés par les journalistes! Cela nous rappelle les braves officiers de la garde impériale, dépassant en zèle les gendarmes pendant le procès de Karakosoff.

Non, les temps des Araktchéieff, des Magnitzky et des Photius ne sont pas passés; ces gens n’ont fait que déménager deux, trois étages plus bas.

Et ils appellent cela le réveil national!

ПЕРЕВОД

МАНИЯ ДОНОСОВ 

Кризис, через который проходит цивилизованная Россия с конца 1862 года, поистине замечателен и поучителен с точки зрения патологической истории развития народов. Это странное зрелище в прошлом не имело примера. Следствие вынужденного и ненормального положения вещей, насильственного смешения всех элементарных понятий, взбудораженных

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небывалым еще сочетанием утонченной культуры с первобытным, рудиментарным невежеством, — кризис этот достиг теперь своей высшей точки: гнилостное брожение перехлестывает через край.

Таковы последствия иноземной и поддельной цивилизации, привитой к могучей, но необработанной почве, которая в ней не нуждалась, последствия срастания европейских форм с восточным самодержавием, исправленным и приведенным в систему западным деспотизмом.

Только в последние годы увидели мы всю чудовищность того, что было искусственно вызвано к жизни со времен Петра I, и всю глубину развращения. Достаточно было малейшей свободы и сквозного ветерка независимости, который проник через стены, треснувшие в результате Крымской войны, чтобы обнаружить и продемонстрировать наряду с мощью мысли, с энергическим порывом всю глубину разложения, которым затронут высший слой России.

Можно было бы прийти в отчаяние от такого больного, который перерабатывает всякую пищу в яд и чей патриотизм является не чем иным, как голодом людоеда, а любовь к своей нации — диким желанием угнетать все остальные нации, если бы внизу не было народа с его общиной, с его неомертвелым правом на землю; если б не было семян, скрытых в этой земле, на поверхности которой разлагаются отбросы, служащие им удобрением.

Эти грустные соображения пришли нам в голову в связи с возрождением шпионства в русских газетах. Субсидируемые и несубсидируемые, черпающие свое вдохновение у стушевавшегося великого князя или же в бедламе русского правосла¬вия, панславистские или крепостнические*, газеты эти только и знают, что доносят, донос сделался их ружьем Шаспо, их иглой…* Если бы правительство имело хоть чуточку здравого смысла и крупицу смелости, оно выставило бы за дверь всех этих Шуваловых, Тимашевых, Потаповых и прочих Видоков с окончанием на ов — вся их работа выполняется газетами за бесценок, даже даром.

нией, — при чтении этих префектурных передовиц в наших газетах.

Невыразимо чувство отвращения, негодования, которое испытываешь, будучи русским, не зараженным полициома 

Обстановка совершенно изменилась с 1862 года — но мания доносов остается неизменной. Даже сам Катков, подобно счастливой матери, окруженной своей семьей, которая состоит из крошечных доносчиков, копошащихся возле нее, — удаляется в густую сень листов «Московских ведомостей», взяв на себя общее ру¬ководство истреблением нигилизма, полонизма, сепаратизма и предоставив своему отродью мелочи, сплетни.

… На пресловутом пепелище, на месте лавчонок, торговавших ветошью и сгоревших в Петербурге в 1862 году, вздымаются великолепные магазины — независимые газеты больше не существуют —поляки уничтожены — нигилисты рассеяны, — казалось бы, бешенство доносчиков могло бы приутихнуть, на¬сытиться; ничуть не бывало — литературное шпионство все возрастает.

Беру два примера из тысячи.

Два ученых немца, Трейчке и Эккардт — добрые немцы и хотят остаться немцами — поскольку желание обрусеть не возникало в их сердцах, огрубевших от тевтонизма. Они затевают, по поводу прибалтийских губерний, глупый, чисто не¬мецкий спор. Один утверждает, что германизация этих губерний удовлетворительна, но неэффективна; другой же — что она и весьма эффективна и весьма удовлетворительна. Это заставляет «Голос» насторожиться*. Не долго ищет он научной почвы, чтобы подорвать Эккардта. Он находит что этот ученый — русский подданный и посему в качестве такового лишен права высказывать свои мнения, если эти мнения не совпадают»

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