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Полное собрание сочинений. Том 20. Статьи из Колокола и другие произведения 1867-1869 годов

parlent le polonais, les jeunes filles qui ne dansent pas avec les officiers russes, dans laquelle on dénonce les larmes des femmes, la tristesse des hommes.

Nous avons protesté contre la persécution inhumaine du gouvernement, nous avons protesté contre cette littérature dépravée de sbires et d’aides-bourreaux qui n’a pas eu de précédents chez nous, et c’est un titre qui nous sera escompté lorsque la Russie se dégrisera.

Maintenant veut-on savoir quelle est notre opinion sur le fond de la question? Qu’on se donne la peine de parcourir la série de Lettres sur la Russie et la Pologne, dans le Kolokol, en 1859 et 1860. Nous ne voulons pas répéter à chaque éclaboussure que nous recevons, notre credo. Il a été imprimé, qu’on le lise.

Nous avons toujours sympathisé avec les Polonais et jamais subi leur influence.

C’est avec un dédain sans bornes et avec un rire fou que nous lisons les balivernes et les niaiseries d’un général russe qui, servant sa patrie par le glaive et la plume, a publié, en exécutant la volonté du grand exécuteur Mouravioff, une histoire détaillée de l’émigration polonaise et de la dernière insurrection. Ce brave guerrier des enquêtes nous fait jouer tantôt le rôle de je ne

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sais quelles marionnettes dans les mains des Polonais, tantôt celui des dictateurs occultes.

Nous sommes trop nous-mêmes pour être facilement influencés. Notre estime pour Lelevel, notre amitié pour Worcell, n’allaient pas jusqu’à devenir leur porte-voix. Que l’homme qui me reproche les paroles prononcées sur la tombe d’un ami, me montre en quoi il a vu dans ces larmes l’influence polonaise. Est-ce que par hasard tout ce qui est humain s’appelle être polonais?

Nous avons été contre la prise d’armes en 1863. Aucun encouragement, aucune promesse ne sont venus de nous. Nous délions de donner une seule preuve, une seule. — Pour tant de choses désobligeantes que nous avons dites, ce n’est pas trop demander. Je pourrais m’arrêter ici, mais à côté des coups de massue, nos adversaires ont encore des coups d’épingles; à côté des coups de dents de loups-cerviers, des piqûres des loups de draps de lit. Nous sommes trop égalitaires pour donner toute la préiérence aux mensonges de gros calibre et aux calomnies monstres.

Le grand inconvénient de ces loups domestiques, c’est qu’on descend avec eux des généralités dans les cancans. Mais aussi on ne monte pas l’échelle de Jacob avec maître Katkoff und seine Gesellen.

Le quidam du Messager trouve que, parmi les causes qui ont fait déprécier la presse russe à l’étranger, il faut compter les révélations intimes, «qui dévoilèrent sous la couronne des martyrscxiii[113], une forte dose d’amour-propre et d’égoisme, qui montrèrent que l’amour pour l’opprimé et la haine pour le mal, n’empêchaient pas de rester fort confortablement à Londres ou aux bords du Léman, en envoyant tranquillement des jeunes gens à leur perte et en répondant aux reproches par des sarcasmes». Le manque de logique de la dernière accusation n’en couvre pourtant pas l’idée, et nous croyons nécessaire d’élucider un peu, non la question naïve et enfantine d’égoïsmeet d’amour-propre, mais bien la seconde.

Nous n’avions pas de complot, mais une imprimerie; nous-faisions tout au grand jour; nous avions la voix russe libre et nous

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tâchions de la faire entendre le plus loin possible; nous avions la Cloche pour sonner les matines, pour appeler les vivants, les croyants, pour réveiller les endormis.

C’est peut-être très mal que nous nous soyons bornés à ce rôle — mais c’est un fait.

Si nous en avions eu besoin, nous aurions, sans scrupule, envoyé des émissaires et cela en restant à Londres ou à Genève. C’est la plus simple division du travail, l’un va, l’autre reste… selon l’utilité, l’aptitude ou l’accord commun. Lorsque Katkoff poussait au gibet, aux travaux forcés les Polonais, les nihilistes, il n’est pas allé chez son héros à Vilna, pour tirer les jambes des pendus, ou conduire de la forteresse de Pétersbourg, le knout à la main, les déportés en Sibérie. Il se résigna au rôle du pourvoyeur du bourreau, non seulement assis confortablement non loin du «lac des patriarches», dans son cabinet, mais recevant comme récompense l’adulation du Club anglais et l’amitié du tzar russe. Et Aksakoff, le streletz-pope, lorsqu’il faisait appel aux armes, ne changea pas sa plume byzantine pour un fusil: il continua tranquillement d’officier dans le réfectoire orthodoxe de sa rédaction.

Quels sont donc ces jeunes victimes, ces missionnaires que nous avons «poussés à leur perte»? Serait-ce toujours ce pauvre Kelsieff? Solo, solissimo. Il a donc raconté lui- même dans son livre que nous lui avons déconseillé l’émigration, qu’il est allé de son gré à Moscou et à Toultcha, et enfin il n’a pas trouvé sa perte, mais son salut.

Est-ce qu’on sous-entend Mikhaïloff, le grand martyr du règne? Nous l’avons conjuré de ne pas imprimer sa proclamation. Le gouvernement l’a tué, mais il y a des témoins vivants.

Serait-ce le jeune officier de marine, enfant enthousiaste qui, par une délicatesse que nos adversaires ne comprendront pas, emportait sans nous dire un mot une masse d’imprimés?

…Avant d’inculper, avant de dénoncer, prenez quelques leçons à la préfecture de Paris, dans cette grande académie de la moucharderie.

Il y avait des imprudents, des têtes chaudes, — qui, comme Isaac, semblaient aller se sacrifier — et restaient sains et saufs. Ils en parlaient à nous comme à tout le monde.

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En 1863, par exemple, un jeune officier russe vint me voir à Teddington. Après quelques paroles insignifiantes, il me dit qu’il avait un secret à me confier. «Je me suis décidé à tuer publiquement Mouravioff et à me livrer». Il s’arrêta en croisant les bras sur la poitrine.

Comme ce n’était pas mon affaire ni d’encourager les coups de justice improvisés, ni de détourner le sabre du sein de ce brave capitaine, je me bornai, voyant qu’il se taisait, à lui dire:

— Eh bien?..

— Comment, eh bien? —me dit l’officier un peu interdit.

— Eh bien! pourquoi venez-vous me dire cela?

— C’est que j’ai voulu savoir votre opinion à ce sujet. — Il commençait à se fâcher.

— Au lieu de faire une théorie sur l’assassinat, je vais vous raconter une anecdote très vieille, mais très bonne. (Que de fois après j’ai eu l’occasion de la citer.) Un jeune chambellan, après avoir conduit Charles Quint visiter le Panthéon de Rome, dit au souper à son père: «Lorsque j’étais sur la coupole avec l’empereur, l’idée me vint de le pousser». — «Malheureux! — s’écria son père, écumant de rage, — pas un mot de plus!» Le fils se tut. «Jeune homme, — lui dit son père lorsqu’ils furent seuls, — on peut avoir de ces idées, on peut quelquefois les exécuter, mais jamais en parler».

Mon Carl Sand in spe me quitta très peu édifié. Un mois après il était à Dresde (non à Vilna) et racontait mystérieusement à qui voulait l’entendre qu’il allait en Pologne avec une mission importante qu’il tenait de nous… Et toutes ces choses nous restaient sur le dos.

Le Messager de Katkoff va plus loin. (Prenez garde, lecteurs, deux marches plus bas, et dans la boue.) Après avoir cité une brochure crasseuse, qui sent à distance l’eau-de-vie de la police et l’oignon du clergécxiv[114] il continue: «Dans les révélations que l’on publie à r étranger, se trouvent à chaque pas des faits dans le genre de détournements d’argent, d’abus de confiance, de produits de collectes escamotés».

Ces inculpations on les fait planer avec préméditation et assez adroitement sur toute l’émigration. Et pourtant les seules fois que nous avons été mêlés à des filouteries et à des escamotages, c’est lorsqu’on nous a carottés. Par exemple, le gouvernement russe s’est emparé, en 1850, d’une somme de 10 000 francs qui m’appartenait, il a pris tout mon revenu depuis ce temps. Un littérateur russe non émigré, étant très lié avec Ogareff, lui a volé une somme de plus de cent mille francs. C’est très bête d’être dupe, j’en conviens, mais on ne gagne pas pour cela l’honneur d’être escroc.

Au lieu de nous jeter la boue et les calomnies, pourquoi n’attaquent-ils pas sérieusement nos principes? Il est facile de dire d’un air de magister d’école: «Le temps du socialisme est passé». Et cela le lendemain du Congrès de Bruxelles, le lendemain de la grève de Genève, à deux pas du mouvement des ouvriers allemands, — et cela au milieu du réveil des questions sociales avec une force décuple, dans toute l’Europe, sans en excepter l’Angleterre…

Et quel moyen misérable de nous faire passer pour ennemis de la Russie, parce que nous attaquons le régime actuel. Serfs non ai franchissables, ils n’ont aucune idée de l’indépendance humaine. Que de fois nous leur avons expliqué que les hommes de 93 n’étaient pas des ennemis de la France, et que nos Décem-bristes de 1825 aimaient passionnément la Russie. C’est du grec pour eux; le bon valet est le valet obéissant, muet, passif ou faisant l’éloge de la main qui le châtie.

En parlant de mon article sur le Congrès de Genève: «Voilà, — s’écrie le Messager, — un défenseur inattendu de la Russie». Mais qu’ai-je donc fait pendant toute ma vie en Russie, hors de Russie? Comme si notre existence à nous, était quelque autre chose qu’une défense non interrompue de la Russie, du peuple russe contre ses ennemis à l’intérieur et à l’extérieur, contre les tarés, les imbéciles, les fanatiques, les gouvernants, les doctrinaires, les laquais, les vendus, les fous, les Katkoff et les autres sabots sur la roue du progrès russe?

Aimables hiboux de la volière de la Pallas classique, un peu plus d’esprit, s’il vous plaît, et allez vous coucher! — Il commence à faire jour!

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ПЕРЕВОД

НАШИМ ВРАГАМ

Если мы можем себе позволить покинуть друзей своих на французский лад*, то не хотим расстаться со своими врагами не попрощавшись. К счастью,

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parlent le polonais, les jeunes filles qui ne dansent pas avec les officiers russes, dans laquelle on dénonce les larmes des femmes, la tristesse des hommes. Nous avons protesté contre